Francis Van Nobel 2017 - Hot Moké d'or - Johan Micoud
Quel
milieu de terrain de français, sélectionné en équipe de France en tant que
meneur de jeu dans les années 90 et 2000 a été formé à Cannes avant de
rejoindre Bordeaux puis d’aller jouer dans le sulfureux Calcio ??
Il
est né le même jour que de grands artistes comme Bézu et WonderWoman en tête.
Il est né le même jour que de grands sportifs comme Eric Tabarly et
figurez-vous Arsène qu’il est né 10 ans jour pour jour avant le grand,
l’immense Daniele De Rossi.
Il
est né le jour de la Sainte Christine, celle qui rit quand on la girondine et
de la Sainte Ségolène, celle qui crie quand on la breme.
Yoyo
Micoud est un grand homme. Jamais tellement footballeur, jamais tellement
consultant, jamais tellement entrepreneur, jamais tellement producteur, jamais
tellement président, c’est tout à la fois avec des principes : intégrité,
droiture, rigueur. Nombreux sont ceux qui pensent qu’un footballeur qui parle
spontanément est un petit con. Ils ont com-plé-te-ment raison. Ce n’est
justement pas ce qu’est Joan Micoud. Pourquoi ? C’est une rock star et
l’histoire lui donnera raison, il sera largement réhabilité quand on oubliera
des pseudos-bons joueurs qui ont bénéficié d’une concurrence moindre à leur
poste en sélection nationale ! Allez ! Allez voir les sélectionnés de
l’équipe de France, certains ont un nombre de sélection incompréhensible et Yo
Micoud est à 17, comme la température de dégustation.
Il
est d’ailleurs intéressant de plonger dans l’étude de l’homme et de trouver ses
deux filiations. L’une par la posture, le caractère et le timbre de voix, le
positionne naturellement comme un héritier d’Eric Cantona. Port altier et
timbre grave font de lui une personne écoutée à qui l’on ne s’oppose pas sans
avoir pris certaines assurances. La seconde par le parcours de Cannes en Italie
en passant par Bordeaux et surtout la coupe du monde 2002. Cannes, oui ok.
Bordeaux, très bien, il explose. Personne ne reviendra sur le vol éhonté du
titre de 1999, ce n’est pas un joueur auquel on reproche de bien jouer et de
gagner. Seuls les Parisiens de l’époque méritent Nuremberg pour leur propre
forfaiture. Cannes, Bordeaux et l’Italie, cela vous rappelle forcément Zidane.
Ils ne sont évidemment pas du même standing. Il n’empêche. Jojo Micoud est
racé, il apporte une touche personnelle à la construction du jeu et est souvent
la clé qui ouvre les défenses comme une mer rouge qui se respecte. Il gagne des
trophées dans chacun de ses clubs, de Cannes à Bordeaux, de Bordeaux à Breme,
en passant par cette sombre équipe de Parme, choix qui jette un léger doute sur
la propreté de sa carrière. Mais passons et revenons sur l’événement qui lui
ferme la porte de la sélection et donc de sa médiatisation en France et donc
d’une meilleure place dans l’imaginaire collectif. C’est le fait majeur, il y a
16 ans maintenant.
2002.
Championne du monde et d’Europe, la France est favorite de la coupe du monde.
Adidas claironne la 2e étoile sur tous les écrans du monde. Mais
Zidane se blesse en match de préparation contre une équipe élevée à l’eau de
source et au babybel, la Corée du Sud. Habituée des grands rendez-vous depuis
longtemps, cette grande nation du football finira demi-finaliste éliminée sur
un coup du sort de Ballack à la 7e minute d’une demi-finale au suspense insoutenable.
Revenons à Yannick Micoud. En 2002, les deux meilleurs joueurs du monde sont
Zidane et Pirès. Pirès se fait les ligaments en mars 2002, Zidane le quadriceps
en préparation. Lemerre doit sélectionner Jean Micoud en 10. C’est la
logiquemême, le sens de l’histoire, une évidence crasse pour tout le monde,
aucun doute n’est permis, on ne gagne qu’avec un 10. Mais Lemerre ne titularise
pas Jean-Pierre Micoud pour le 1er match. Incompréhension. Il le
titularise pour le 2e match mais le joueur patauge dans une équipe
qu’il connaît peu. Et Lemerre le retire pour le 3e match pour mettre
un Zidane cul-de-jatte en pariant sur le boost émotionnel du vestiaire. Raté.
RATE PUTAIN ! La France est éliminée au premier tour (comme l’Argentine,
autre favori) et on ne sait toujours pas ce que faisait exactement Micoud dans
cette sélection. Boudin avec la sélection, rupture avec l’opinion publique car
il n’a pas su remplacer les absents et devenir le sauveur providentiel. Mais
lui a-t-on donné la possibilité de le faire ? Non évidemment et cela en
est terminé des espoirs de voir Micoud dans les premiers rôles du renouveau de
la génération dorée.
Pour
parler d’une personne comme Jean Micoud, ne nous arrêtons pas à de basses
contingences matérielles comme le palmarès.
Retraité
en 2008, Yann Micoud n’a pas tardé à mettre à profit ses centaines de millions
engrangés dans sa carrière pour diversifier son panier de biens, minimiser le
risque d’aléas financiers, d’aléas tendance baissière pour être précis, et
investir, investir, investir. Un restaurant, un label de musique et un domaine
viticole de fort belle facture, surtout celle des bouteilles qui s’échangent
moyennant plusieurs centaines d’euros pièce. Mais le meilleur investissement
pour un champion, c’est encore le champion lui-même. Jean Yanne Micoud est donc
devenu consultant. Un consultant qui prend son temps pour éclore ; grandir
et faire siennes les règles du PAF. Aujourd’hui en 2018, il arrive à maturité,
il a vieilli, s’est bonifié et nous régale les papilles en argumentant, en
analysant, en défendant un point de vue sans asséner des poncifs et surtout
sans porter comme une bannière la carte de presse, sésame de l’ouverture de
gueule intempestive.
Jacques-Yves
Micoud, héros ténébreux au verbe cinglant et au regard accusateur, est bien
plus que l’ombre de Zidane, il est aussi un héritier de Cantona. Du talent
plein les pieds, une tête bien posée sur des épaules hautes et solides, un
regard aigu, une langue pendue et le poing si souvent levé. Il se tait quand il
a fini de parler et fait peu de cas de la courtoisie si son interlocuteur le
prend de haut. Jeanne Micoud est un grand homme qui mérite toute notre
attention car la fameuse génération dorée a écrasé la perspective des autres belles
carrières de l’époque. Celle de Micoud en est une.
Quand
vous demandez autour quel est le plus grand match de l’équipe de France des 25
dernières années, il y a généralement deux réponses, le France-Ecosse (5-0) de
2002, mon préféré, et le Turquie-France (0-4) de 2000. Micoud en était et avait
marqué.
Quand
vous demandez autour quel est le plus grand match de Ligue 1 des 25 ans
dernières années, il y a généralement deux réponses, le OM-Montpellier de 1998
(5-4), mon préféré, et le Bordeaux – PSG (5-3) de 1996. Micoud en était et
avait marqué.
Jamais
très loin de la lumière, Johan Micoud n’est jamais resté dans l’ombre. Il a
joué sa carte et a relevé nombre de paris que d’autres joueurs n’ont jamais
préféré tenter. Le dernier en date et sans doute le plus dur, celui de rester
fidèle à l’Equipe du soir, pas pour le programme en lui-même mais pour avoir à
se farcir des interlocuteurs dont la mauvaise foi est le plat de résistance.
Résistance, un sentiment qui lui va d’ailleurs très bien. Résistant, fidèle et
reconnaissant, depuis 2 ans, Johan Micoud a pris la présidence de son club
formateur l’AS Cannes aujourd’hui en National 3, avec l’objectif d’en faire de
nouveau un club professionnel sur des bases saines sportivement et
financièrement. A son image.
Terminons
cet hommage avec un passage qui le définit si bien, extrait du guide Hachette
des vins, chroniquant son domaine, Château La Connivence :
Le nez, intense, mêle
les fruits noirs à l'alcool, les épices douces, la réglisse et le toasté de la
barrique. Souple et concentré sur le fruit en attaque, le palais monte en
puissance, dévoilant un superbe volume, des tanins denses et soyeux et une
longue finale fraîche et alerte. Le mariage réussi de la force et de
l'élégance.
@TheSpoonerWay
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