jeudi, avril 12, 2018

Francis Van Nobel 2017 - Hot Moké d'or - Johan Micoud


Quel milieu de terrain de français, sélectionné en équipe de France en tant que meneur de jeu dans les années 90 et 2000 a été formé à Cannes avant de rejoindre Bordeaux puis d’aller jouer dans le sulfureux Calcio ??

Il est né le même jour que de grands artistes comme Bézu et WonderWoman en tête. Il est né le même jour que de grands sportifs comme Eric Tabarly et figurez-vous Arsène qu’il est né 10 ans jour pour jour avant le grand, l’immense Daniele De Rossi.

Il est né le jour de la Sainte Christine, celle qui rit quand on la girondine et de la Sainte Ségolène, celle qui crie quand on la breme.

Yoyo Micoud est un grand homme. Jamais tellement footballeur, jamais tellement consultant, jamais tellement entrepreneur, jamais tellement producteur, jamais tellement président, c’est tout à la fois avec des principes : intégrité, droiture, rigueur. Nombreux sont ceux qui pensent qu’un footballeur qui parle spontanément est un petit con. Ils ont com-plé-te-ment raison. Ce n’est justement pas ce qu’est Joan Micoud. Pourquoi ? C’est une rock star et l’histoire lui donnera raison, il sera largement réhabilité quand on oubliera des pseudos-bons joueurs qui ont bénéficié d’une concurrence moindre à leur poste en sélection nationale ! Allez ! Allez voir les sélectionnés de l’équipe de France, certains ont un nombre de sélection incompréhensible et Yo Micoud est à 17, comme la température de dégustation.

Il est d’ailleurs intéressant de plonger dans l’étude de l’homme et de trouver ses deux filiations. L’une par la posture, le caractère et le timbre de voix, le positionne naturellement comme un héritier d’Eric Cantona. Port altier et timbre grave font de lui une personne écoutée à qui l’on ne s’oppose pas sans avoir pris certaines assurances. La seconde par le parcours de Cannes en Italie en passant par Bordeaux et surtout la coupe du monde 2002. Cannes, oui ok. Bordeaux, très bien, il explose. Personne ne reviendra sur le vol éhonté du titre de 1999, ce n’est pas un joueur auquel on reproche de bien jouer et de gagner. Seuls les Parisiens de l’époque méritent Nuremberg pour leur propre forfaiture. Cannes, Bordeaux et l’Italie, cela vous rappelle forcément Zidane. Ils ne sont évidemment pas du même standing. Il n’empêche. Jojo Micoud est racé, il apporte une touche personnelle à la construction du jeu et est souvent la clé qui ouvre les défenses comme une mer rouge qui se respecte. Il gagne des trophées dans chacun de ses clubs, de Cannes à Bordeaux, de Bordeaux à Breme, en passant par cette sombre équipe de Parme, choix qui jette un léger doute sur la propreté de sa carrière. Mais passons et revenons sur l’événement qui lui ferme la porte de la sélection et donc de sa médiatisation en France et donc d’une meilleure place dans l’imaginaire collectif. C’est le fait majeur, il y a 16 ans maintenant.

2002. Championne du monde et d’Europe, la France est favorite de la coupe du monde. Adidas claironne la 2e étoile sur tous les écrans du monde. Mais Zidane se blesse en match de préparation contre une équipe élevée à l’eau de source et au babybel, la Corée du Sud. Habituée des grands rendez-vous depuis longtemps, cette grande nation du football finira demi-finaliste éliminée sur un coup du sort de Ballack à la 7e minute d’une demi-finale au suspense insoutenable. Revenons à Yannick Micoud. En 2002, les deux meilleurs joueurs du monde sont Zidane et Pirès. Pirès se fait les ligaments en mars 2002, Zidane le quadriceps en préparation. Lemerre doit sélectionner Jean Micoud en 10. C’est la logiquemême, le sens de l’histoire, une évidence crasse pour tout le monde, aucun doute n’est permis, on ne gagne qu’avec un 10. Mais Lemerre ne titularise pas Jean-Pierre Micoud pour le 1er match. Incompréhension. Il le titularise pour le 2e match mais le joueur patauge dans une équipe qu’il connaît peu. Et Lemerre le retire pour le 3e match pour mettre un Zidane cul-de-jatte en pariant sur le boost émotionnel du vestiaire. Raté. RATE PUTAIN ! La France est éliminée au premier tour (comme l’Argentine, autre favori) et on ne sait toujours pas ce que faisait exactement Micoud dans cette sélection. Boudin avec la sélection, rupture avec l’opinion publique car il n’a pas su remplacer les absents et devenir le sauveur providentiel. Mais lui a-t-on donné la possibilité de le faire ? Non évidemment et cela en est terminé des espoirs de voir Micoud dans les premiers rôles du renouveau de la génération dorée.

Pour parler d’une personne comme Jean Micoud, ne nous arrêtons pas à de basses contingences matérielles comme le palmarès.

Retraité en 2008, Yann Micoud n’a pas tardé à mettre à profit ses centaines de millions engrangés dans sa carrière pour diversifier son panier de biens, minimiser le risque d’aléas financiers, d’aléas tendance baissière pour être précis, et investir, investir, investir. Un restaurant, un label de musique et un domaine viticole de fort belle facture, surtout celle des bouteilles qui s’échangent moyennant plusieurs centaines d’euros pièce. Mais le meilleur investissement pour un champion, c’est encore le champion lui-même. Jean Yanne Micoud est donc devenu consultant. Un consultant qui prend son temps pour éclore ; grandir et faire siennes les règles du PAF. Aujourd’hui en 2018, il arrive à maturité, il a vieilli, s’est bonifié et nous régale les papilles en argumentant, en analysant, en défendant un point de vue sans asséner des poncifs et surtout sans porter comme une bannière la carte de presse, sésame de l’ouverture de gueule intempestive.

Jacques-Yves Micoud, héros ténébreux au verbe cinglant et au regard accusateur, est bien plus que l’ombre de Zidane, il est aussi un héritier de Cantona. Du talent plein les pieds, une tête bien posée sur des épaules hautes et solides, un regard aigu, une langue pendue et le poing si souvent levé. Il se tait quand il a fini de parler et fait peu de cas de la courtoisie si son interlocuteur le prend de haut. Jeanne Micoud est un grand homme qui mérite toute notre attention car la fameuse génération dorée a écrasé la perspective des autres belles carrières de l’époque. Celle de Micoud en est une.

Quand vous demandez autour quel est le plus grand match de l’équipe de France des 25 dernières années, il y a généralement deux réponses, le France-Ecosse (5-0) de 2002, mon préféré, et le Turquie-France (0-4) de 2000. Micoud en était et avait marqué.

Quand vous demandez autour quel est le plus grand match de Ligue 1 des 25 ans dernières années, il y a généralement deux réponses, le OM-Montpellier de 1998 (5-4), mon préféré, et le Bordeaux – PSG (5-3) de 1996. Micoud en était et avait marqué.

Jamais très loin de la lumière, Johan Micoud n’est jamais resté dans l’ombre. Il a joué sa carte et a relevé nombre de paris que d’autres joueurs n’ont jamais préféré tenter. Le dernier en date et sans doute le plus dur, celui de rester fidèle à l’Equipe du soir, pas pour le programme en lui-même mais pour avoir à se farcir des interlocuteurs dont la mauvaise foi est le plat de résistance. Résistance, un sentiment qui lui va d’ailleurs très bien. Résistant, fidèle et reconnaissant, depuis 2 ans, Johan Micoud a pris la présidence de son club formateur l’AS Cannes aujourd’hui en National 3, avec l’objectif d’en faire de nouveau un club professionnel sur des bases saines sportivement et financièrement. A son image.

Terminons cet hommage avec un passage qui le définit si bien, extrait du guide Hachette des vins, chroniquant son domaine, Château La Connivence :
Le nez, intense, mêle les fruits noirs à l'alcool, les épices douces, la réglisse et le toasté de la barrique. Souple et concentré sur le fruit en attaque, le palais monte en puissance, dévoilant un superbe volume, des tanins denses et soyeux et une longue finale fraîche et alerte. Le mariage réussi de la force et de l'élégance.

@TheSpoonerWay



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