mardi, novembre 27, 2018

Henry, preuve de l'ennemi

Soyons sincères, soyons honnêtes et arrêtons de prétendre être impartiaux. Je ne le suis
pas et si je ne le suis pas, vous ne l’êtes pas. Vous ne l’êtes pas et ne démentez pas. Je
vous vois là pensifs, sceptiques, désabusés avec un rictus impatient et désagréable, avec
comme seul objet de désir l’odeur du sang qui met en émoi vos sens de primates et
réveille votre regard de prédateur. CALMEZ-VOUS, calmez-vous, calmez-vous.
Vous n’aurez pas la peau de Thierry Henry si facilement. Vous ne tuerez pas cette
légende vivante du football glorieux en déversant votre bile aigre de jalousie. Vous
jalousez oui, vous piétinez, vous dépérissez en direct à le voir sur un banc français match
après match. Votre seul espoir est de le voir comme un taureau pris dans la panique de
l’arène, affoler devant la possibilité d’un carton rouge. Vous souhaitez enfoncer vos
picadors et le voir souffrir en devenant le loser qu’il n’a jamais été.
Thierry Henry n’est pas une personne sympathique. Et alors ?
Thierry Henry n’est pas une personne humble. Et alors ?
Thierry Henry n’est pas le franchouillard commun dont la physionomie bonhomme se
rapproche du supporter lambda, davantage lambda que supporter d’ailleurs.
Thierry Henry a toujours jugé l’efficacité personnelle comme un préalable aux bons
résultats collectifs. Oui. Et alors ?
Thierry Henry attire la lumière, il électrise partisans et opposants. On lui élève une
statue ailleurs, alors qu’il est sifflé chez nous. On vénère ses records ailleurs, alors qu’on
doute de l’honnêteté d’un des plus beaux records français. On crie ici à son
opportunisme, à son individualisme, à sa vanité, à son hypocrisie pour ses rires comme
pour ses pleurs. On s’émeut ailleurs de sa sensibilité, on s’attache à ce buteur qui rend
fierté à un club désespéré en ne reniant pas sa personnalité et en faisant de son vestiaire
une machine redoutable. Ses partisans savent ce qu’il a apporté avec des gloires
nombreuses et des échecs marquants. Ses quelques échecs dont se goinfrent sceptiques
et critiques qui pensent tenir une victime facile car elle ne leur répond pas et s’en fout.
Est-ce qu’on l’entend d’ailleurs, lui, Thierry Henry, se plaindre que la moitié du globe lui
renifle le cul en pensant trouver de la merde ?
Peu importe qu’il ait des circonstances atténuantes pour ses débuts en tant
qu’entraîneur, avec une équipe en fin de cycle, vieillissante, blessée, un président multi
inculpé depuis hier, une équipe qui est allée très haut avec de superbes joueurs, depuis
vendus grassement. L’AS Monaco est au plus mal depuis des semaines, elle a perdu son
gourou. Si Thierry Henry ne fait pas l’affaire, c’est parce que nous sommes proches de
l’accident industriel. Henry n’a pas besoin d’être défendu, par personne. Et avoir M. 16
euros 90 comme avocat est plutôt contreproductif. Il pourrait dire que le Sida c’est mal,
on viendrait à en douter. Mais il énerve dans ses entretiens avec la presse, il développe
sa pensée, félicite ses joueurs, couvre son équipe, contredit les mauvaises observations
des journalistes. Même lors de la défaite contre Bruges, il tient le cap, il parle, on
l’interrompt, il demande poliment à ne pas être interrompu, quoi de plus normal. Il
remercie quand on le laisse continuer, quoi de plus poli. Il est irréprochable et cela

énerve car on ne le manipule pas, on ne l’énerve pas et il répond avec les épaules solides
du grand joueur qu’il restera dans l’histoire. Plus de 900 matchs pro, plus de 400 buts,
coupe du monde, euro, ligue des champions, championnats, coupes nationales,
distinctions personnelles prestigieuses. 19 ans de carrière, 4 clubs où il est resté au
moins 3 ans, mais allez-y, lâchez-vous bande de chiens.
Souvenez-vous au moins que Deschamps en 2001, premier poste d’entraîneur à Monaco
alors 19 e , a attendu son 6 e match après 3 défaites et 2 nuls, comme Henry donc, pour une
première victoire. On connaît la suite.
Ou alors. Ou alors. C’est une autre hypothèse probable. Thierry Henry se plante
vraiment, se vautre. Je lâcherai peut-être un « bien fait pour ta gueule », mais il ne
pourra pas dire que je ne l’ai pas défendu. Mon baiser de Judas propre, à moi, pour tous
ceux qu’Henry a laissés derrière lui pendant tant d’années. Et une bise, une vraie, sincère
et émue au plus grand buteur français de mon coeur, le Roi David. On n’oubliera pas.

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