jeudi, octobre 05, 2006

No fear

Comme mon activité professionnelle de ces deux dernières semaines a été magnifique d'inutilité, de platitude, et que par ailleurs des centaines de blogs proposent leur logorrhée interminable, mon choix a été rapidement fait. Je n'ai rien lu du tout. Non c'est faux, j'en ai lu quelques dizaines, non ce n'est pas beaucoup, mais quelques secondes suffisent souvent à se faire un avis définitif sur la qualité de l'auteur ou du texte, oui c'est pas bien d'attaquer des personnes, autant attaquer leur vide abyssal, leur manque d'expression, leur lourdeur, ou la mièvrerie que l'on vend pour un lyrisme des plus grands de Musset à Carlos en passant par Anny Cordy, étant entendu que le premier n'apparaît que très rarement, mais bon. Comme disait un des mes vieux professeurs qui reprenait déjà cette citation d'un auteur très célèbre, dont le nom m'échappe, mais pas celui de mon prof donc je mets que c'est mon prof, "On ne juge pas les gens sur ce qu'ils ne savent pas, mais sur ce qu'ils savent et la manière dont ils s'en servent"...

Oui mais bon. Oui mais non. Si on avait dit au XVIIème que les noirs étaient des êtres humains comme les blancs, on n'aurait pas eu Amistad, et quand même, c'eut été une injustice que même zorro n'aurait rien pu faire. Et pourtant, il s'y connait grave en injustice. Mais bref ce n'est pas le sujet, passons. J'étais parti sur une accusation de tous les blogs, de leur inutilité, de leur platitude, de leur prétention, de leur talent rance, de leur idée rance (singulier réfléchi), de leur haleine nauséabonde à travers deux écrans et des kilomètres de cables, c'est pour dire. Oui j'ai envie de casser un peu de tout cela, si j'en tenais certain, je crois bien que je leur couperai les doigts avec un cutter rouillé, juste pour rire, voir ce qu'il y a de pourri à l'intérieur. Ne vous inquiétez pas, en tant que républicain exemplaire, et tenant aux grands principes qu'on nous impose, et par souci d'égalité, comme vous l'aurez compris, jj'en viendrai à moi et à ma démarche dans tout cela.

Mais je reviens sur cette bande de lépreux (entendre « doigts très usés », et non un rapport direct avec une quelconque maladie dégénérative), pour la plupart. Comment les qualifier, pour la plupart? Comment leur faire comprendre, à la plupart, que la plupart de leur production se perd dans les limbes de l'absence de consistance? D'ailleurs un autre grand philosophe aurait pu dire que l'homme, pour la plupart de l'homme, n'a jamais produit que de la merde, mais ce serait donner un ton trivial à ce jugement purement gratuit, et point trop n'en faut, restons courtois même pour ces rats de garde.

Alors je vais m'attaquer à une catégorie bien précise pour commencer, celle qui caractérise bien la mièvrerie littéraire actuelle en France, oui je suis en mesure de l'affirmer fermement assis sur mon fauteuil de bureau, celle du vocabulaire mielleux, de l'histoire romantico-tragico-introspectivo-larmoyo, celle des regrets éternels, celle du temps qui passe, celle de sa place dans le monde, celle du "mais-que-vais-je-devenir-moi-petit-être-humain-sans-défense-perdu-dans-cette-jungle-sans-pitié-où-je-suis-destiné-à-être-broyé-parce-que-je-suis-tout-gentil".

WHAT-THE-FUCK!

Certains le font bien, ils habillent, enrobent, essayent de perdre le lecteur dans du détail, dans de la syntaxe française bien sentie (entendre correcte et c’est déjà pas mal), mais au final, c'est toujours la même chose, le même refrain de Lamartine à Dave: je vieillis, le temps passe m'emporte, c'est trop dur, que vais-je faire en attendant la mort puisque j'ai raté ou fait raté tout ce que j'ai déjà fait, aaahhh je pleure, j'étouffe, où est passé mon jardin d'enfant, ma naïveté, que n'aurais-je voulu éveiller mon esprit au monde extérieur si j'avais su que la France ne gagnerait pas l'eurovision en 56 ans. Bref vous voyez ce que je veux dire à peu près. Donc c'est enrobé de beaux sentiments. De belles images. De beaux moments. Pourquoi l'on s'accorde tous dessus? hein pourquoi? parce que c'est banal, c'est couru d'avance, c'est même déjà fini avant d'avoir commencé. Oui l'humain est universel, certes. Mais l'humain est terriblement ennuyeux. Sans talent s'il est sérieux. C'est déjà un principe pour reconnaître quelqu'un de talent, c'est qu'il n'est pas sérieux, les exemples sont nombreux, mais j'attends toujours des contre-exemples. C'est tellement long, comme mon commentaire, mais je suis quelqu'un de très sérieux, j'en ai pris mon parti, je sais donc de quoi je parle, c'est tellement long disais-je la liste des bons sentiments dont on fait une vie, dont on fait une histoire. C'est leur histoire, celle perdue d'avance, celle sans consistance, celle qui court, qui fuit contre le temps qu'il fait, qui court après le temps qui fuit. Je me demande toujours comment on peut vivre en regrettant le passé et en planifiant le futur. C'est simple pourtant si chaque jour on pense à ce qu'on va faire demain en essayant d’améliorer ce qu’on a mal fait hier, on fait quoi le jour même, concrètement. C'est le même principe pour des échelles différentes, sur des périodes, sur des longues périodes.

Bon là déjà j'ai pas mal élagué, mais il reste ceux qui ne parlent que d'eux, sans distance, qui tiennent un journal intime ouvert au monde. J'ai mangé des haricots bleus, c'était génial. Ok. Pas besoin d’en écrire davantage.

Pourquoi je me permets de critiquer ce petit monde, une partie. Oui je prends soin de bien préciser "une partie/la plupart" pour me mettre à l'abri de toutes critiques: "-eh mais c'est moi que tu attaques?? - Euh non pas du tout, j'ai dit la plupart, toi tu es bien sur au-dessus de cette plèbe vulgaire." A bon entendeur.
Alors je critique, oui, je saute sur des gens qui n’ont rien demandé, sauf celui d’exprimer avec des lettres ce qu’il y a dans leur tête. Je ne sais pas d’où vient la défaillance. Ca doit être un endoctrinement à l’enfance, on les fait tomber dans une marmite « On va se marrer », non je déconne. Je ne veux pas être trop gentil en mettant une dose de déterminisme dedans. A un moment donné, c’est parti en vrille, plus rien n’est resté contrôlable, et voilà le résultat : des blogs, des larmes, et encore plus de temps de perdu, pour eux et pour les lecteurs. Quelle peut-être l’intérêt de faire partager son mal-être, de se liquéfier dedans et de se répandre sur d’autres comme du pourri dans une corbeille à fruits (wouah la grande comparaison)… je ne vois pas.

Pas de hargne, pas d’énergie, pas envie de faire rire, de prendre du plaisir, on se traîne, on se lamente, on perd son temps, on use les autres. Et je fais de même, et je remercie la personne qui avait du temps à perdre à avancer jusqu’ici sans avoir regardé si de nouveaux mails étaient arrivés dans leur boîte.

Pourtant je ne suis pas pourfendeur des causes perdues, en témoignent mes précédents posts. Non non je suis de bonne foi, je ne crache pas dans la soupe, et j’aime mon prochain, profondément, éperdument. De toute façon je ne risque pas grand chose caché derrière mon ordinateur, sous un pseudo totalement imperméable, et cela, ouais c’est du courage de dénoncer ce qui ne va pas. Non mais quand même, on ne va pas pleurer de nos histoires. Bon si je suis de mauvaise foi et c’est l’heure du déjeuner, les causes perdues ne m’intéressent plus pendant quelques heures.

6 commentaires:

À 6 oct. 2006, 14:19:00 , Blogger cml a dit...

c'est vrai que le blog de Koyote est un peu naze, mais là t'y vas fort quand même

 
À 6 oct. 2006, 16:01:00 , Blogger The Spooner a dit...

Non il est bien au-dessus de cette plèbe vulgaire...

non?

 
À 6 oct. 2006, 17:07:00 , Anonymous Anonyme a dit...

"Les oeuvres d'art sont d'une infinie solitude ; rien n'est pire que la critique pour les aborder ; seul l'amour peut les saisir, les garder, être juste envers elles. Donnez toujours raison à votre sentiment à vous contre ces analyses, ces comptes rendus, ces introductions. Eussiez-vous même tort, le développement naturel de votre vie intérieure vous conduira lentement, avec le temps, à un autre état de connaissance. Laissez à vos jugements leur développement propre, silencieux. Ne le contrariez pas, car, comme tout progrès, il doit venir du profond de votre être et ne peut souffrir ni pression ni hâte. Porter jusqu'au terme, puis enfanter : tout est là." Rainer-Maria Rilke, Lettres à un jeune poète

 
À 6 oct. 2006, 18:18:00 , Blogger The Spooner a dit...

Je plaide coupable:

"L'activité paranoïaque critique est une force organisatrice et productrice de hasard objectif." Dali

 
À 9 oct. 2006, 12:33:00 , Anonymous Anonyme a dit...

« Bref, bon, tout ça, hein, c’est un peu relatif quoi !» Albert Einstein, conclusion de son brillant discours sur la théorie de la relativité. 1905.

 
À 17 oct. 2006, 14:00:00 , Anonymous Anonyme a dit...

"'tain c'est long"
Jeanne Calment

 

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