mercredi, avril 03, 2013

La lettre non censurée de Bouchet à Diouf

“Mon trop cher Pape,

J’ai refermé ton livre hier soir, épuisé d’être arrivé à la page 657 sans avoir été cité. À sa lecture, je balance entre tristesse et incompréhension. Tristesse de m’avoir oublié et incompréhension que ces abrutis de journaux ne soient pas encore venus m’interroger. Pour cette raison essentielle, je fais ma lettre ouverte. Quelle rancoeur tenace pour s’égarer ainsi ! Ton ego te fait-il oublier à ce point les réalités ? Que sont devenus tes principes ? (…) Je fais un peu dans le tragique, c’est pour la presse, nous savons bien qu’un agent de joueurs n’a pas de principe.
 
D’ailleurs, pourquoi as-tu laissé le soin à d’autres de rédiger ce livre alors que ton écriture fleurie, un brin surannée, aurait donné un tout autre relief à tes propos ? (…) En plus entre nous, un noir qui prend un nègre pour écrire sa bio, c’est un peu paradoxal, mais tu as le droit de choisir le camp des opprimants. En même temps, avec ton dictionnaire XVIIè siècle, Labrune n’aurait rien compris et la traduction Google pour Margarita n’aurait pas fonctionné.
 
Peu de gens, particulièrement à l’OM, y trouvent grâce. Anigo, un incompétent, cela dépend qui le dirige, je te signale qu’il a fait une finale de L’UEFA sous ma présidence ; Labrune, un manipulateur ; Fournier, un psychorigide ; Robert Louis-Dreyfus, un homme influençable ; Dassier, une marionnette, je ne sais pas si tu as déjà essayé de lui mettre la main dedans, mais c’est plus sale que drôle ; etc. Je me permets d’insister, je ne suis pas cité, je suis vexé, j’étais là avant toi. À te lire, il n’y aurait eu qu’un grand dirigeant de l’OM, toi. Une parenthèse enchantée. Tu oses affirmer que tu avais programmé le titre. Incroyable. Mais, dis-moi, Pape, quel président a disposé d’un des deux plus gros budgets français pendant plus de quatre saisons sans apporter le moindre titre national ? Ca c’est pour envoyer dans la gueule du PSG. Pas même la Coupe de la Ligue qui se gagne en quatre rencontres. (…) Je ne m’étends pas trop, je n’ai rien gagné non plus. Même la coupe de la ligue, même s’il y avait eu moins de rencontres.
 
Tu réponds à cette critique en te comparant à Jean-Michel Aulas, alors que tu aurais pu te comparer à moi, disant qu’il lui avait fallu quatorze ans pour gagner son premier titre. Alors que moi pardon mais en deux ans, je fais une finale de coupe de l’UEFA, je découvre le meilleur joueur des années 2000, le revends à un prix d’or à un oligarque et obtient des droits TV des recettes inespérées. Tu oublies de préciser qu’il a dû tout construire, partant d’un club de Ligue 2, sans palmarès, qui n’intéressait pas grand monde, pour en faire un grand d’Europe. (…) Même s’il retournera bientôt en ligue 2 et qu’il n’a jamais intéressé personne, ce club est un bon exemple pour la presse.
 
J’ai lu aussi que tu étais l’homme qui savait dire non. Déjà tu n’as pas dit non quand on t’a demandé de venir et que je me suis fait virer. Mais n’est-ce pas sous ta présidence, que j’ai vu jouer le fils d’un parrain du milieu qui n’y avait nullement sa place (pas au milieu hein mais dans l’équipe), tout comme Delfim avec moi mais ce n’est pas pareil ? N’est-ce pas sous ta présidence qu’un entraîneur s’est retrouvé menacé (bon en oubliant la raison du départ d’Alain Perrin)? N’est-ce pas sous ta présidence que certains ont bénéficié de conditions toujours plus avantageuses (oui j’ai quand même fait en sorte de prolonger les carrières de Cristanval, Barthez, Marlet etc) ? Tes anciens collègues rient encore sous cape lorsqu’ils racontent comment ils procédaient pour obtenir l’augmentation de leurs poulains, juste en flattant ton ego. (…) Au moins c’est une chose qu’ils ne peuvent pas faire avec moi, il n’était pas possible de demander une augmentation pour Fernandao, Olembé, Sakho, Ecker ou Tuzzio.
 
Laurent Blanc ? (…) Tu m’as appelé pour me conjurer : ‘Chris, ne prends pas ce type, c’est un incapable’. Je t’ai répondu ceci : ‘Je t’entends, Pape, mais alors viens !’ Putain mais quel con j’ai été d’avoir répondu cela, si j’avais su. Voilà pourquoi Laurent Blanc s’est retrouvé hors course à l’OM et toi en pole position et moi au chômage. (…) Ouais je sais c’est un peu gros, je suis sur que même les lecteurs du Phocéen trouveront que je me dédouane de manière un peu visible mais je tente le coup.
 
Tu t’offusques de la manière dont j’ai donné mon avis concernant ton départ. Oui, j’ai contribué à ton éviction du club. J’ai mis plusieurs années à avoir ta peau, mais je l’ai eue et je me marre depuis tout ce temps. Je l’assume complètement. Et même si personne ne le sait et surtout si tout le monde s’en fout, je le dis quand même. Robert m’avait demandé mon avis. Oui moi je l’appelais Robert. Je lui ai donné car, déjà, tu ne touchais plus terre. Tu avais déjà rejoint cette dimension où tu flottes, satellisé. (…) A trop vouloir s’approcher du soleil, tu t’es brulé les ailes et j’avais caché l’extincteur.
 
Tu as gâché tout seul ton passage dans ce club, sans remuer le couteau mais les titres, c’est Dassier qui les a eus, toi rien et pas un exploit européen, dans la hiérarchie, tu es donc derrière. J’espère sincèrement pour toi que ces aigreurs finiront par s’adoucir et que tu pourras profiter de ta situation, un mec qui a déjà plein de thunes et qui n’a pas besoin de faire chier les autres, non pas de juge suprême, mais de fin connaisseur des choses du football. Et peut-être même, qui sait, en faire profiter les autres… à commencer par citer mon nom dans ton bouquin pour les générations futures.
 
Bisous numides
 
Christophe”


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