mercredi, août 27, 2008

Life on Mars

Le monde est injuste, le monde n’est qu’injustice et ce n’est pas Lionel Jospin qui me contredira. Et qu’y a-t-il de plus injuste que le monde ? hum ? l’Histoire, avec un grand H, celle qui sélectionne ce qui reste, qui choisit de manière arbitraire ce que nos jeunes têtes blondes apprendront sur les bancs usés des classes de collège et lycée, eux-mêmes usés par leurs parents et espérons-le par leus enfants, mais rien n’est moins sûr, enfin, ce n’est pas le lieu où parler politique et ce n’est pas Bernard Tapie (ou Tapy, il y a deux écoles chez les biographes officiels) qui me contredira. Et quel est le point commun entre ces deux hommes ? Ceux qui répondront le socialisme n’ont pas assez lu le Figaro Economie entre 1997 et 2002 et pourtant croyez-moi, à cette époque, surtout en 2000, c’était la classe. Bref, pas de polémique, pas de politique, seul le sport réunit ces deux-là, surtout le foot, qui est un sport de gauche évidemment si on ne compte que les supporteurs. La réciproque est fausse, rassurez-vous, les non-supporteurs peuvent être de gauche aussi, c’est plus difficile, c’est tout. Mais le foot peut être terriblement injuste, et si le foot est injuste, reste-il de gauche ? ah… je répondrais oui dans la mesure où il incarne quand même un espoir de victoire… un jour…


Nous sommes au mois d’avril 1990, le Koweit n’est pas encore américain et l’Irak pas encore une busherie (oui désolé, ça dénonce grave), c’est le printemps de l’insouciance retrouvée après la chute du Mur de Berlin et événement notoire, la première demi-finale de l’OM en Coupe d’Europe des clubs champions. Depuis trois saisons, le Berlusconi français (l’amour du foot est leur point commun, et non les tentatives de corruption et soupçons de dopage, ce sont des hommes intègres) a construit une belle équipe faite de bon joueurs français, des Papin, Tigana et de stars internationales comme Mozer, Waddle ou Francescoli. S’il y avait la place pour faire un peu de people, je dirais que si le premier enfant de Zidane s’appelle Enzo, c’est en hommage à Enzo Francescoli. Cest donc une très belle équipe qui s’invite pour la première année dans le gotha européen. Et moi je regarde le 2è match seulement de ma courte vie sans savoir exactement qui était qui. Je n’ai principalement vu qu’un match de baby-foot entre les blancs et les rouges. Comme l’Histoire est un éternel recommencement, comme en 17, les rouges ont gagné… oh la main…


La soirée se passait bien, c’était tendu, mais l’OM allait vers sa qualification après une victoire au Vélodrome 2-1 à l’aller. Le 0-0 était bien gardé, l’OM tenait sa finale, Tapie l’avait programmé… jusqu’à la 84è minute, pourtant un chiffre qui porte chance aux équipes de foot françaises (faites oui de la tête et cherchez les résultats à l’Euro et aux JO). Mais non. Un triste inconnu allait entrer dans l’histoire, un Lisboète d’origine angolaise répondant au nom de Vata mis tout ce qu’il avait de bras et de main pour marquer le but assassin qui allait coûter au petit poucet des demi une qualification méritée sur le terrain. Ce qui a ou aurait pu se passer en dehors ne nous regarde pas. Le Benfica se qualifie en faveur de son but marqué à l’extérieur et le rêve olympien disparaît pour quelques mois. Mais le formidable Président marseillais sait instrumentaliser ce coup du sort et fera passer son club pour une pauvre victime du corps arbitral, voire sous-entendre légèrement une tentative de corruption des Portugais sur l’arbitre belge de la rencontre… oui la belle histoire. L’idée étant de mettre pour quelques temps les instances du côté olympien… oui le beau calcul. Avec le succès que l’on connaît d’ailleurs même s’il a fallu d’autres arguments pour les campagnes de 1991 et 1993…


Benfica-Marseille, c’était le 2è match que je regardais, après un Marseille-Bordeaux quelques jours auparavant gagné 2-0 sur deux coups francs de Magic Waddle. Le 2è match et déjà une défaite amère, avec la conséquence directe de retenir à jamais le nom de ce sombre tricheur, briseur de rêves d’enfants : Vata… Comme si je n’avais que ce genre d’informations à retenir.


Par la suite, d’autres terribles noms de bourreaux se sont ajoutés à la liste, Stojanovic, Kostadinov, Dallas, Colina… mais celui-là est maudit comme le nom de l’arbitre belge, M. Van Langenhove, un boucher de profession si je me souviens bien. En même temps, l’histoire, avec un petit h, a donné raison à la grande de 1993. Une défaite comme celle-là pour une réussite comme celle-ci, la patience a ses vertus, l'obstination également.