jeudi, juillet 30, 2015

Le guide des mauvaises pratiques de transfert - Le pré-retraité qui annonce qu’il a encore faim - #5

Il y a deux sortes de bonnes affaires dans les transferts. Les bonnes affaires et les autres. Le pré-retraité est à classer dans les autres. On a beau avoir été Ballon d’Or, meilleur espoir, meilleur buteur de championnat d’Euro, de Coupe du Monde, à un moment donné, on vaut moins qu’un jeune du centre de formation. C’est le cas de nombreux grands joueurs qui vivent un peu de leur gloire passée, aussi bien au niveau sportif qu’au niveau marketing. Parfois les clubs flanchent et se disent que oui chez eux, il se relancera, il sera la locomotive qui a tant apporté, mais aux autres clubs. 

Soit en fin de contrat, pour une bonne affaire à 0 euro, soit en prêt, parce qu’en difficulté dans son club actuel, soit moins cher qu’à une certaine époque, le grand joueur vieillissant bénéficie d’une aura qui n’est pas rationnelle. Tout dirigeant objectif sait que le risque est grand, les supporters, en dehors de l’achat du maillot qui fera toujours plaisir, en font toujours des tonnes dans le style « vous verrez bien ». Mais rares sont ceux qui voient quelque chose. La star est souvent cramée et n’a plus le sens de l’effort, aussi bien physiquement que moralement. Installée depuis des années dans un confort que son surplus de talent lui a permis, la star déçoit, se fait petite, et reste une phrase : « c’était quand même un beau joueur ». 

A tous les Weah, Morientes, Shevchenko, Eto’o, Torres, Owen, Lizarazu, Lugano, Bakayoko, Deli Valdès et autres, apprenez que s’arrêter à son apogée est aussi l’apanage des grands. Cantona le savait.


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A retrouver sur horsjeu.net : http://horsjeu.net/transferts/les-rumeurs-et-transferts-du-vrai-29-juillet/ 

mercredi, juillet 29, 2015

Le guide des mauvaises pratiques de transfert - Le retour de la gloire passée qui se fait attendre - #4

Toute ressemblance avec des faits réels n’est pas que pure coïncidence.

Le football moderne bien que gangréné par l’argent reste néanmoins une belle histoire d’amour entre les clubs et les supporters. Mais pas que. Parfois des hommes emportent le maillot à des niveaux de fanatisme plus élevés et stigmatisent un amour au-delà de leur couleur et au-delà du club chéri. Mais le pragmatisme l’emporte toujours et ces joueurs finissent par s’en aller vers des contrées où les billets, des vrais, tombent plus facilement du ciel. En promettant de revenir, en jurant un amour inconditionnel du maillot, en déchirant les avenirs sombres de leurs cris déchirants, en cherchant à vivre éternellement dans le cœur de supporters pleins d’espoir d’un retour toujours plus beau, comme le Christ ressuscité. 

Et chaque année, les supporters scrutent les cieux pour voir revenir l’enfant prodigue, enrichi d’une expérience qui leur sera profitable, à leur club surtout, pour des moments passionnels comme seul le retour d’une maîtresse en fuite peut laisser espérer. Ils tremblent, frémissent à chaque indice dans un coin d’une phrase perdue dans un entretien où l’avenir et le libre arbitre font naître un espoir, une promesse, comme un pacte de sang passé entre deux enfants. Sauf que l’un dupe l’autre, sauf que l’un sait qu’il ne reviendra pas, sauf que l’un sait que c’est impossible pour une raison qu’il n’ose avouer publiquement de peur de briser ce lien si fort mais si fragile d’une liaison à distance. 

Et chaque année, ce retour ne vient pas, et les années passent, ce retour ne vient pas, et les performances du joueur font pâlir d’envie tous les autres clubs en faisant baver ces supporters qui se disent qu’en revenant, les résultats seront là, mais ce retour ne vient pas. Vient un jour où les performances commencent à baisser et les supporters se disent que s’il revient, ce ne sera pas pareil. Mais ce retour ne vient pas. Vient un jour où ce joueur arrête sa carrière sans être revenu. Vient un jour où les supporters se disent que c’était déjà bien de l’avoir eu, ce joueur magnifique, qu’il restera de beaux moments quand même. Même si, ce retour aurait été beau. Malgré tout.


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mardi, juillet 21, 2015

Le guide des mauvaises pratiques de transfert - Le prolongement inopiné de vacances - #3

Ndla : Contenu proche des chapitres intitulés « La blessure de transat d’avion » ou « Le bras d’honneur » 

Il s’agit d’une pratique scandaleuse mais qui fait marrer tout le monde sauf les dirigeants du club concerné. Le déroulé est simple. Le club fixe une date de rentrée pour la reprise de l’entraînement après les vacances des joueurs. Rien ne leur interdit de continuer à travailler pour être affûtés dès la reprise. Peu le font. Comme une rentrée scolaire, la plupart des joueurs arrivent le jour annoncé. Sauf quelques petits malins qui chaque année ne sont pas là, absents de la reprise et ce, sans avoir prévenu le club au préalable. Plusieurs solutions sont possibles : le réveil n’a pas sonné (le fameux coup du iPhone éteint, c’est arrivé à tout le monde), le joueur s’est trompé de journée (jet laggé à mort), le joueur signifie par la politique de la chaise vide son désaccord sur un point (les menus à la cantine, la place de parking ou la place dans le pub Gilette), ou le joueur négocie en secret un départ dans un autre club. Soyons francs, il est rarement à un enterrement ou perdu dans une grotte dans une rando-spéléo. 

Le plus souvent, ce jeune petit con prétentieux veut simplement faire pression sur son club nourricier, celui qui le câline, le soigne, le paye, celui à qui il doit tout, à commencer par sa femme et sa voiture, non lui il décide qu’il vaut mieux que ça, qu’il doit partir et qu’il a le temps, l’argent et l’envie de ne pas revenir pour lui permettre d’aller ailleurs. C’est clair et c’est une attitude d’une ingratitude crasse doublée d’une impolitesse d’une nature tout à fait générationnelle ET situationnelle. 

Le joueur choisira d’envoyer des photos de lui en boîte de nuit et réapparaîtra 3 jours avant le premier match de la saison, la mine défaite par la honte et devra s’acquitter d’une amende avant évidemment de se casser définitivement au mercato suivant parce que vous comprenez la confiance est rompue. Sans aucun racisme, les Sud-Américains agissent plus souvent que les autres de cette manière.

vendredi, juillet 17, 2015

Le guide des mauvaises pratiques de transfert - Le joueur de la compét de juin - #2

C’est une espèce rare et se paye au prix fort devant les caméras du monde entier. Les joueurs qui composent cette espèce sortent de nulle part, ou presque, n’ont jamais fait de grande saison dans un club moyen. Inattendus, surprises, ils illuminent de leur classe une compétition internationale (Coupe du Monde, Euro, CAN, Copa America) et ils sont malins : il leur suffit de mettre 4 ou 5 buts ou quelques passes bien senties sur trois semaines de compétition pour prendre une valeur et susciter un intérêt de la part des plus grand clubs que de nombreux joueurs méritants sur une saison aimeraient connaître. 

Ne nous cachons rien, il s’agit souvent de bulles spéculatives et un donc un pari fort dangereux pour le club acquéreur mais il sera trop tard. Car l’enjeu de ces transactions, c’est qu’il faut les régler rapidement dans un triple intérêt : le club vendeur croit se séparer d’un boulet à un prix largement au-dessus de sa vraie valeur ; le club acheteur veut conclure avant que le PSG propose un transfert à 600 millions d’euros, frais de port compris ; le joueur, et son agent bien sur, qui peut monnayer un contrat béton de plusieurs années avec un salaire digne du PIB d’un pays africain. 

Si dans l’idée, acheter un joueur qui est capable de bien jouer en compétition internationale relève du bon sens, certains marchent sur l’eau et ne retrouveront jamais cet éphémère niveau. Il est alors fort possible de voir ce joueur évoluer en Coupe de la Ligue ou être prêté tous les 6 mois dans des clubs de second rang (qui ne sont pas des concurrents directs) dans des championnats de seconde zone (qui ne sont pas des adversaires potentiels dans d’autres compétitions). 

Seul impératif pour conserver un semblant d’amour propre : ne jamais accepter d’être transféré dans un club moyen par la suite. Sachez qu’un entraîneur est vite changé et vous pourriez avoir votre chance plus tard. Il est même arrivé à Poborsky de jouer à United sous Ferguson.


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A retrouver ici : http://horsjeu.net/transferts/les-rumeurs-et-transferts-du-16-juillet-2/

jeudi, juillet 16, 2015

Le guide des mauvaises pratiques de transfert - Le bras de fer - #1

Le bras de fer est une technique bien connue des joueurs qui après une bonne saison dans un club moyen décident unilatéralement de valoir une place de titulaire dans un grand club, peu importe lequel et surtout peu importe s’il y en a un qui s’est déjà manifesté ou pas.
Précision importante, la technique du bras de fer n’est efficace que s’il reste plusieurs années de contrat au joueur.
La technique du bras de fer constitue une jolie démonstration de ce qu’un jeune con peut être : refus de s’entraîner, déclarations acides par médias interposés, mise en avant de tiers, en priorité parents « il est malheureux actuellement » et agents « la direction méprise mon joueur », séjour prolongé à Miami ou photos dans une ville d’un grand club.
Le bras de fer peut également s’illustrer comme un bluff à poil de la part du joueur car pour certains c’est en criant qu’on est bon et qu’on est désiré ailleurs qu’on devient bon et qu’on est désiré ailleurs pour des recruteurs en mal de résultat.
L’issue du bras de fer est généranalement douloureuse. Souvent le joueur réussit à partir pour un club du même niveau ou d’un niveau inférieur dans un championnat mieux payé. Il confirme rarement les espoirs, est oublié et finit sa carrière à 28 ans dans des termes turques ou à Nice.

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A retrouver ici : http://horsjeu.net/transferts/les-rumeurs-et-transferts-du-15-juillet-2/


lundi, juillet 06, 2015

Au courrier du coeur : Si Payet part, c'est la faute de personne

Voici quelques commentaires autour du communiqué de presse de l’OM sur la situation de Payet daté du 25 juin 2015.

L’Olympique de Marseille précise qu’il n’est absolument pas dans son intention de vendre son joueur Dimitri Payet.
TS : Ce sont les forces insondables des plaques telluriques qui le poussent inexorablement sur des terres étrangères où l’herbe est plus verte et les comptes bancaires mieux remplis.
Au début du mois de juin, un accord en ce sens a été trouvé avec Dimitri et son agent.
TS : A noter le changement dès la deuxième phrase pour s’adresser à Dimitri et non plus Dimitri Payet. C’est un peu un membre de la grande famille olympienne, c’est un peu l’enfant chéri, celui qu’on veut garder près de soi. Dimitri, Dimitri, reste, Dimitri
Les deux parties ont entériné à cette occasion que le meneur de jeu de l’OM honorerait ses deux dernières années de contrat.
TS : Troisième phrase et on monte dans les caresses, on est passé de Dimitri Payet à Dimitri et de Dimitri à « LE meneur de jeu de l’OM ». Plus de concurrence avec d’autres joueurs, plus de Valbuena, plus d’Ayew, pas encore d’Alessandrini, pas encore de Thauvin, on ne sait pas où est passé Barrada. Donc Payet est le meneur de jeu de l’OM et avait prévu de rester jusqu’à la fin de son contrat évidemment, et Labrune avouant à demi-mot qu’il est prêt à laisser partir les joueurs gratuitement.
Le 22 juin, l’agent de Dimitri a pourtant sollicité un nouveau rendez-vous avec le président Vincent Labrune.
TS : Le basculement de la bienveillance du rédacteur est dans cette phrase et plus précisément dans « pourtant ». En effet, pourquoi solliciter un nouveau rendez-vous alors que tout était réglé, que tout le monde était content et que Labrune avait la certitude de conserver au moins un cadre de l’équipe en septembre ? On remarquera aussi le dédain du rédacteur dans la formule « l’agent de Dimitri » qui n’a pas de nom, alors que le président est bien Vincent Labrune, prénom + nom.
Lors de cette rencontre, il a annoncé que lui et son joueur avaient ouvert des négociations avec West Ham, précisant que le club anglais proposait un contrat de 6 ans assorti de 30 millions d’euros sur cette période pour le joueur.
TS : Normalement on n’ouvre pas de négociations sans l’accord du club. C’est une règle publique, on ne démarche pas, on ne va pas chercher le client, on n’est pas des vulgaires taxis. La précision de la durée et du montant du contrat est perfide, normal venant de Londres, car on induit une trahison de l’agent et du joueur pour une vulgaire somme d’argent alors que l’amour du maillot devrait être tellement plus fort.
De ce fait, l’agent réclamait une revalorisation colossale et immédiate du contrat de Dimitri Payet pour qu’il reste à Marseille.
TS : Le meneur de jeu de l’OM est redevenu Dimitri Payet, un joueur lambda qui cherche à revaloriser son contrat par un chantage à peine déguisé.
Incapable de répondre à cette demande, l’Olympique de Marseille, par la voix de son président, a d’abord exprimé sa surprise que des négociations aient été ouvertes avec un autre club sans que l’OM n’ait été averti.
TS : Le point juridique est enfin abordé, à la limite, si le président avait voulu être fort, il n’aurait pas exprimé sa surprise, il aurait intenté une action auprès de West Ham. J’émets une légère réserve sur l’emploi du terme « incapable » qui n’a jamais une connotation positive pour son propriétaire. On peut faire preuve de fermeté, on peut ne pas vouloir céder au chantage, on peut demander un temps de réflexion, on peut ne pas vouloir tout simplement, être incapable, c’est être passif, c’est ne pas avoir de pouvoir, c’est regarder partir les trains des titulaires.
Le club a ensuite repoussé les exigences inconsidérées de l’agent de Dimitri Payet expliquant qu’il était d’accord pour réviser à la hausse de manière raisonnable les conditions du joueur mais seulement à la mi-juillet, après avoir respecté ses engagements auprès de la DNCG.
TS : Incapable de répondre mais repoussant les exigences « inconsidérées » qui seraient plutôt considérables d’ailleurs. Mais dans cette phrase, le club part à la faute, une faute typique des patrons qui veulent se sucrer sur le dos de leurs employés. Si le club est d’accord pour « réviser à la hausse » le contrat, pourquoi ne pas le proposer dès la rencontre de juin, comme une preuve de bonne volonté et empêcher l’agent et son joueur de prêter une oreille attentive aux approches de clubs étrangers. Finalement, l’OM dit en substance : « on a essayé de t’enfler en économisant sur ton salaire, tu l’as vu, tu essaies de nous la faire à l’envers, mais on ne va pas se quitter comme ça, je veux bien de donner le supplément grandes frites, mais demain. »
L’agent du joueur, refusant cet échéancier, a demandé à Vincent Labrune une réponse rapide affirmant, que dans le cas contraire, la piste anglaise serait privilégiée.
TS : L’agent du joueur n’a toujours pas de nom, n’existe pas en tant que personne mais seulement à travers sa fonction d’emmerdeur selon le club. Ce qu’il fait bien, il faut le reconnaître.
Surpris par cet ultimatum, le président marseillais a décidé après une demi-journée de réflexion de répondre favorablement à l’offre anglaise qui lui est parvenue au même moment afin de placer son joueur face à ses responsabilités.
TS : L’agent, cette petite ordure a donc bien manigancé avec West Ham pour faire corréler la fin de son ultimatum subtile avec l’arrivée de la proposition officielle du club. Ce qui, visiblement, ne pose toujours pas de gros problème au président qui répond favorablement dès qu’il y a une possibilité de récupérer au-delà de 50 euros en une fois. Et il est un dur à cuire le président, les ultimatum, ce n’est pas pour lui, lui il se permet de ne rien faire et de laisser le transfert se faire sans jamais avoir négocié avec le club demandeur. Si West Ham avait proposé 2 millions, il aurait accepté aussi, rien que pour garder son honneur. C’est beau de voir un tel homme évoluer dans un tel milieu de requins quand même…
– Rester dans un club qu’il dit aimer et attendre la mi-juillet pour une discussion avec son président afin de revoir ses conditions contractuelles à l’OM.
TS : L’amour du maillot ma gueule, c’est l’argument massue. Et la promesse de discuter, mais pas tout de suite, cela ne sert à rien de prendre de l’avance, c’est hyper vendeur, ça donne tout de suite envie de rester.
– Ou choisir le pont d’or que lui propose West Ham.
TS : Le choix s’annonce compliqué résumé à ces deux perspectives.
L’OM souhaite évidemment que Dimitri choisisse de rester à Marseille la saison prochaine.
TS : On a perdu de vue l’agent depuis quelques phrases pour tenter une opération désespérée de massage des pieds à Dimitri. Sans doute pour éviter au pauvre Dimitri de se mettre un grand public à dos et d’éviter la répétition du cas Thauvin (même si beaucoup de choses sont différentes) qui s’engage et puis non. Au final, il faut noter le « je limite la casse mais ce n’est pas entièrement la faute du joueur, ni la mienne » de la présidence de l’OM, le non engagement sur la revalorisation du contrat à court terme, aucun montant. Incapable. C’est lui qui l’a dit.


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