jeudi, septembre 15, 2011

Et pourtant tout était prêt...

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Enfin. Après plusieurs mois d’attente fébrile, la compétition des compétitions des clubs européens. Ce mercredi, c’est Lille-Moscou et Ajax-Lyon, affiches intéressantes de début de saison. Tout est prêt. Mais mon attention est distraite par le programme d’une autre chaîne.

Israël-France féminine. Ah. Bon. Ce sont les qualifications pour l’Euro. C’est vrai que cet été, la coupe du monde, c’était sympa. C’est là que le programme immuable du mercredi soir depuis 20 ans bascule irrémédiablement. Je zappe pour les féminines.

Il ne s’agit pas non plus de tomber dans une béatitude naïve en disant que c’est tout-nouveau-tout-beau, que c’est une tornade de fraîcheur sur cet univers factice de gros sous, où le mauvais goût, la vénalité se disputent à une aseptisation d’un sport pratiqué par des machines de guerre entraînées depuis leurs premières couches. Non. Il ne s’agit pas de cela. Il y a des vraies raisons de s’enorgueillir de la diffusion en direct des matches des féminines (il faudra d’ailleurs revenir sur l’omerta hanballistique très prochainement).

L’exercice est compliqué sans tomber dans un comparatif sexiste, pourtant le seul moyen d’éviter la construction de tabou entre les deux sexes, c’est encore d’en parler au début de l’histoire. Par exemple, il faut reconnaître que le jeu proposé est moins physique et plus lent. Ce qui pourrait être une vive critique, le passionné que je suis se réjouit pour deux raisons de ces constats. La différence d’impact dans les contacts est visible à l’écran, mais il est extrêmement rassurant d’être spectateur d’un match de football sans avoir peur de la boucherie sur des tacles glissés pour un gars de 90kg lancés les deux crampons au niveau des genoux pour découper son adversaire. Il y a des contacts évidemment mais moins de Golgoths, et je trouve cela mieux. Deuxième constat le jeu est plus lent. Conséquence peut-être du premier, mais qui a son intérêt également, le jeu au sol. De nombreuses actions sont menées avec une balle qui ne fait que rouler sur la pelouse. Parfois dans des petits espaces, parfois en profondeur, parfois directement en touche, mais elles tentent de construire dans un jeu souvent porté vers l’avant. Et comme le disait très bien le slogan de la coupe du monde 1998, « C’est beau un monde qui joue ».

Et c’est encore plus beau quand les protagonistes sont belles. Je pensais pourtant être au-dessus que ces vulgaires considérations sexistes mais force est de reconnaître que j’ai du mal à trouver beau un Tryphon Ivanov qui apparaît à l’écran, un Tofting qui mange un adversaire, un Vinnie Jones qui en digère un autre ou qu’un Ribé rit. Je préfère les Sonia Bompastor, les Corinne Franco, Laure Boulleau, Louisa Nécib ou Gaëtanne Thiney et toutes les autres qui ont accompagné ma soirée Ligue des champions d’hier et quelques autres sans doute au cours de la saison qui vient. Mais pas trop je devrai leur être infidèle pour retrouver la manita catalane et tant d’autres maîtresses historiques.

Certes le niveau est encore très hétérogène, pour l’anecdote, la France a gagné 5-0 en Israël sur un terrain entouré d’une seule tribune, d’une route et d’un parking, avec de la musique pour accompagner les joueuses et des spectateurs qui devaient avoir une permission exceptionnelle de leurs parents pour rester dehors après 22H. Il y a eu beaucoup de déchets techniques, il y a beaucoup d’espaces entre les lignes et donc peu de blocs qui coulissent, des dribbles qui passent facilement selon l’adversaire. Car oui ce n’est plus la coupe du monde, nous sommes revenus dans des petits stades pour des matches importants, des matches pièges, des matches moins intéressants, qu’il faut néanmoins gagner pour se qualifier dans les grandes compétitions internationales. C’est la condition nécessaire pour la pérennisation médiatique de ce sport en France au moins au niveau de l’équipe de France. Et non seulement c’est bien mais on en veut plus.


Sur Twitter @TheSpoonerWay

A retrouver sur carnetsport.com : http://www.carnetsport.com/et-pourtant-tout-etait-pret-pour-la-soiree-de-reprise/