vendredi, novembre 28, 2014

La tirade du nez - Il y a 22 ans, Cantona signait à United

Hier matin, notre cher The Spooner s’est senti bizarre : Et pour cause, alors que certains célébraient les 22 ans de la signature d’Eric Cantona à Manchester United,  voila que le King s’est immiscé dans sa tête. Un monologue entièrement enregistré grâce à des procédés techniques que même la NSA nous envie. 

« Tu te rends compte toi, hein, tu sais ce que ça fait 22 ans, tu sais combien on peut faire de conneries en 22 ans, combien de gens meurent et naissent en 22 ans. 22 ans, c’est le cycle de la vie, 22 ans c’est plus que tellement de vie, à l’échelle du monde, 22 ans, c’est rien, bien, mais pour ceux qui n’ont pas la chance que moi j’ai eue, ou celle que tu as toi, 22 ans, c’est énorme, c’est plus que des vies.

Ce dont je me rappelle de cette époque, c’est loin, l’Angleterre, Sheffield, Leeds et Manchester, bah oui Manchester et Ferguson, Ferguson, le père adoptif, pas celui qui t’héberge seulement la première nuit, hein, pas celui-là, c’est celui qui te prend par la main, t’accompagne à l’école, t’aide à faire tes devoirs, te fait à manger et te borde quand tu n’arrives pas à dormir. Tu vas dire que c’est normal, que c’est réfléchi, que c’est pour que le petit nouveau se sente bien, mais pas avec Ferguson. Lui, des jeunes, il en voit des dizaines par an, il voit leur famille, il se renseigne sur le caractère, et moi il me prend alors que je traine des casseroles, que la France ne veut plus de moi. Lui, ce qu’il voit, c’est un gamin de 26 ans arrivé, grande gueule, persuadé d’être le meilleur et de vouloir le montrer, alors que dans l’équipe, il y a déjà Bruce, Ince, Hughes, Schmeichel, Kansheslkis et plein d’autres. Ferguson, il a dû se marrer quand j’y pense en me voyant arriver. Aujourd’hui si un gamin de 26 ans arrive devant moi et me dit qu’il est meilleur, tu crois que je fais quoi, que je lui dis oui, vas-y je t’engage. Mais non. Mais Ferguson, il a ça dans le sang, c’est du Shankly, c’est l’héritage de Busby, c’est ces types là, des grands instinctifs, des sentimentaux, c’est la passion dans le sang, ils ont autant de vies que de matches.

Je te parlais de la chance, je suis ému, profondément, quand je regarde ce parcours, les gens que j’ai rencontrés, Ferguson, Rourke, Loach, et puis le cinéma. Toujours ma famille à côté, des fidèles, des gens à la vie à la mort, parce qu’eux l’ont parfois approchée. Tu crois que des mecs comme Rourke ou Loach, ils n’ont pas vu la mort, la misère à un moment donné. Tu crois que Ferguson, il ne souvient pas de Hillsborough ou même de l’avion de 1958. Pour arriver à ça, il faut l’avoir vécu. Et moi je suis là, au milieu, je regarde avec les yeux d’un enfant dans un corps d’adulte, dans un paradoxe constant comme l’outremangeur, tu saisis ce que je veux dire. Je suis là, j’observe, j’apprends, je respire, j’éponge et j’essaie de retenir parce que c’est l’essence de la vie.

Et tu vois, je vais te dire un autre truc pour mettre en perspective, ok ça fait 22 ans que je suis arrivé à Manchester, mais ça 17 ans que j’arrêté. Tu vois ce que ça représente cette période, j’ai passé plus de temps sans le foot qu’avec le foot, tu vois ce que je veux dire, tout est dans rien, ce tout là, celui que tu veux savoir, et Manchester, et le succès, et la médiatisation et ma carrière, tout ça c’est rien, c’est plus rien, il en reste des poussières. Peut-être que dans 15 ans, on en parlera même plus, quelques uns se souviendront. Et alors ? D’autres me diront que j’étais violent ou que je suis un acteur raté, peut-être hein, ce n’est pas la question, la question est de savoir si j’ai fait. Si j’ai construit, si j’ai avancé, si ma famille est fière de moi, si je peux me retourner la tête haute, c’est ça que ces 22 ans veulent dire. Ce n’est pas l’acte en lui-même, la signature à Manchester, et tout ce qu’il y après. Parce que quand j’arrive à Manchester, je ne suis rien, j’ai peut-être 3 ou 4 titres de champion de France, et encore, parce que souvent j’avais fait la première partie de la saison dans l’équipe championne mais je n’avais pas joué toute la saison. En 1992, qui me connaît ? Si ma carrière s’était arrêtée un mois plus tard, tu crois que tu serais là à me parler. Non.

S’il y a quelque chose à dire aujourd’hui, c’est donc le parcours, la route, un peu comme McCarthy, tu connais le livre ? Voilà j’étais avec mon caddie et il fallait que j’avance, que je sois plus fort que les autres, mais sans forcément manger mon prochain, au sens figuré hein. Et ce que je veux montrer, c’est qu’avec du travail, on peut arriver loin, très loin, très loin. Et on peut être libre, c’est la vie, la liberté. Quand j’ai arrêté, j’ai dit, je m’en vais, je veux faire autre chose, j’ai travaillé aussi, et j’ai fait, bah, ce que j’ai pu, j’ai essayé de bien le faire et ne pas décevoir ceux qui ont cru en moi, les autres Ferguson de ma vie, et au cinéma et au théâtre, tu en as à chaque projet, c’est une nouvelle relation à chaque fois, la confiance à aller chercher, même si c’est un monde où il y a beaucoup d’argent, je fonctionne encore à la confiance, comme celle d’un père envers son enfant tu vois. Le père qui accompagne mais qui laisse faire parce qu’il faut apprendre et que c’est à son enfant de tracer sa route.

Le secret, il est là, à chaque carrière, à chaque projet, c’est un recommencement, tout le temps, tout est à construire, pas reconstruire parce que ça voudrait dire que tu gardes les fondations… ou les ruines ahah, non, tu construis, tu commences avec les plans, les fondations, les murs, les fenêtres, la décoration, et seulement après tu peux te sentir à l’aise chez toi. Et à ce moment, tu dois déménager, tu dois abandonner et partir ailleurs, faire autre chose en ne gardant que l’expérience acquise et le sentiment que tu as réussi le précédent projet. Mais tu ne peux même pas le savoir toi-même, c’est l’autre, celui qui va l’occuper après, le public donc, qui va te dire si ta construction est bonne. Parfois ça passe, parfois ça passe pas, mais tout passe très vite, le temps. J’ai essayé de profiter aussi pour moi à chaque fois, parce que l’instant il faut le vivre, et le public, il n’a pas toujours raison le public, donc attention il faut garder sa vision, sa distance, son ressenti des choses de la vie.

Les 22 ans, je ne les vois plus, je ferme les yeux et j’ai des images, ponctuelles éphémères, je pourrai ouvrir un album photo, mais ce sont des objets, c’est trop concret, ton histoire, elle est écrite pour les autres, pour ceux qui ne l’ont pas vécue. La tienne, tu n’as pas besoin de la lire, tu n’as pas besoin des chiffres, tu l’as là, à l’intérieur de toi, c’est ton sang, c’est chaque cicatrice sur ton corps, et ce qui te fait frissonner, ce n’est pas l’image du but, du match ou de la tirade, ce qui te sublime, qui te fait vibrer, c’est de retrouver l’émotion de l’instant, de l’instant originel, cette émotion unique, que tu es le seul à avoir, ce trésor que personne ne pourra te prendre. Je sais que personne ne saura ce que j’ai ressenti quand j’ai relevé le col du maillot de United la première fois. C’était il y a 22 ans, ma nuque se raidit encore à ce souvenir, ça c’est grand, ça c’est ma vie, ça le temps ne le prendra pas, ça, ça restera pour Cantona. Seul. »


@TheSpoonerWay


A retrouver ici : http://horsjeu.net/a-la-une/tirade-du-nez-du-spooner/

mardi, novembre 25, 2014

Au courrier du coeur - Lettre ouverte à Pascal Praud

Je pense à vous ce mercredi aussi, l’esprit vagabond d’une langueur en rien monotone tant il m’est donné des occasions inespérées de faire monter une rage incontrôlable.

Voilà près de 20 ans que je vous connais, oui, que nous nous sommes croisés quelques temps sur votre lieu de travail, 20 ans que je me demande toujours ce qui vous fait rester, ce qui vous accroche à cette barque toujours plus frêle, toujours plus soumise aux aléas des vindictes à votre endroit. Certains de vos confères ont abandonné, ont été virés, sont partis ailleurs. Je pense à Marianne Mako, Frédéric Jaillant, Vincent Hardy, Roger Zabel d’une certaine manière, et tant d’autres qui ont été oubliés. Vous, entré au service des sports de TF1 en tant que stagiaire avec vos verres épais de l’époque, votre cravate orange, cadeau de la sélection batave, dont vous étiez si fier, et votre FC Nantes.

En 1998, lors de la victoire française, une phrase de votre part m’est revenue alors que le groupe France de Jacquet se construisait sans véritable avant-centre, votre espoir, dont vous étiez sans doute persuadé, était le maillot n°9 sur les épaules de Nicolas Ouédec. Patrice Loko en aura été plus proche. J’ai suivi de loin votre évolution, étonné je dois le dire de vos succès. Vous n’aviez pas la plus grande gueule, n’étiez pas le plus médiatique, pas le plus talentueux non plus mais vous avez été opportuniste, à la Christian Jeanpierre, mais en mieux. Car vous avez pris des risques, vous avez quitté votre employeur originel, peut-être pour mieux, peut-être obligé, mais vous avez su rebondir et c’est à votre honneur, moins à ceux qui vous laissent un blanc-seing pour vos interventions télévisuelles, radiophoniques ou écrites. Sans un déferlement de haine digne d’un Ménès ou d’un Balbir, vous savez la provocation et savez vous en servir, c’est nécessaire mais pas suffisant pour faire de vous une référence.

Vos effets de manche ne sont pas subjuguants, votre culture étalée par une évidence parfois insultante, sans en plus éviter les erreurs, n’éblouit que les aveugles, votre condescendance envers d’autres confrères devant et derrière les caméras ou les micros blesse et ne vous rend pas service, vous pour qui nous nous demandons comment vous tenez depuis 20 ans. Et nous nous le demandons pour nous mêmes qui restons là sans rien dire, ébêtés, non, plutôt endormis, et toujours surpris de vous voir vous tromper un peu partout sur un peu tout. Sortir une telle lettre un an jour pour jour après la victoire de la France contre l’Ukraine est d’un culot extraordinaire, vous, moqué, décrédibilisé pendant le mois de novembre 2013 suite à votre analyse du match aller. Pour reprendre un de vos crédos depuis 2010, parfois vous êtes vous même ce que vous dénoncez, une sorte de Knysna continu du journalisme. C’est un avis personnel, mais qui n’a rien de personnel, juste professionnel. Je ne pense pas à vous en dehors de vos apparitions sans doute trop régulières, je ne suis pas tombé malade du mal qui ronge certains journalistes et c’est dommage pour un si beau métier que tant d’autres, comme j’ai fait partie, ont rêvé ou rêvent d’exercer.

Aussi malheureuse soit-elle, votre description de Marseille colle parfaitement à votre milieu. Bénéficiaire de tant de portes ouvertes, vous ne voyez sans doute plus les marches à monter, les fenêtres par lesquelles passer pour essayer d’entrevoir une place dans ce métier, et pourtant il y a du talent, je ne me mets pas dedans et quand bien même, je ne serais pas au niveau de disputer un vrai poste. Un talent supérieur au vôtre, du talent nourri à des sources d’informations que vous n’aviez pas plus jeune et la différence est flagrante, énorme, un gouffre sépare votre génération de celle qui finit ses études aujourd’hui. Encore une fois, je n’en fais pas partie. Je ne dis pas cela pour me décharger d’une quelconque responsabilité, je dis cela pour ne pas être accusé de jalousie, de rancœur, d’envie, d’aigreur.

Vous parlez « des supporteurs » pris en otage, avez-vous une fraction de seconde remplacé ce mot par « spectateurs » ou « lecteurs » ? En effet, nous sommes pris en otage des tribunes qu’on vous laisse, sans surveillance, sans compte à rendre, comme les dirigeants que vous dénoncez. Vous passerez sans doute outre ces quelques lignes, pourquoi détournez votre regard des chiffres de l’audimat ou du nombre de clics, c’est votre métier, pas celui de plaire, pas celui de réfléchir, pas celui de trier l’information et de rendre un avis éclairé, vous faîtes du chiffre et vous le faîtes bien. Dois-je aller jusqu’à vous conseiller de quitter le navire, non, si vous pensez bien agir, il ne faut pas contrarier les bonnes consciences, cela pourrait causer de terribles maladies, votre avis médical sait de quoi il parle.

Je n’ai pas la force de parler de votre famille, de vous imaginer vous endormant le soir, non par manque d’intérêt, mais parce que ce serait déplacé, malveillant, bête. Je ne vous demande d’embrasser personne, j’espère au contraire que tout va bien, je ne vous souhaite aucun mal.

Voyez cher Pascal, comme il est facile de retracer à charge une histoire, voyez comme il est facile de s’adresser à autrui sans insulte tout en étant désagréable et sans rien proposer. Brasser du vent. Je vais même jusqu’à la confidence, mon père dit que je suis bon dans ce domaine, une phrase dont je suis fier mais dont tout le monde rit, comme votre récent prix de commentateur sportif 2014 remis par l’association des écrivains sportifs.

Respectueusement

@TheSpoonerWay


A retrouver ici : http://horsjeu.net/fil-info/the-spooner-lu-lettre-ouverte-pascal-praud-mlg/

mardi, novembre 04, 2014

Au courrier du coeur - L'entretien du nez #2

L’interview de Medhi Benatia « Ils vont me siffler voire m’insulter » – cf L’Equipe du 21/10/14, page 4. C’est l’entretien du nez, on reprend les questions, on change les réponses à la sauce cyranesque. Les questions sont vraies, les réponses adaptées.

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Fernandezien

Quelles sont vos impressions sur votre nouvelle formation ? J’ai apprécié. Disons qu’avec le nombre d’années que je suis en radio, j’avais bien le droit à une formation. Alors moi, j’ai choisi direct le stage Power Point. Ca a duré 3 jours, j’ai rencontré des gens sympas et maintenant je peux faire des flèches animées avec le bruit d’une voiture qui freine quand je veux parler de ballon.

Avant de signer pour 5 ans au Bayern, vous êtes-vous renseigné auprès de Franck Ribéry, que vous avez côtoyé lors de son passage à Marseille (2005-2007) ? Ouais enfin, je suis passé rapidement à Marseille, je préfère Cannes. A cette époque, je suis dormi au Novotel, je m’en rappelle, c’était un samedi soir, parce que le voisin il regardait le film de cul de Canal. Je suis allé regarder la fin avec lui, j’avais une insomnie.

Qu’avez retenu de votre parcours tortueux ? Qu’il fallait mieux être un lièvre. Hahahaha tu as compris, parce que tortueux comme une tortue et donc le lièvre, comme le poème d’Alphonse Daudet. Comme je t’ai dit, les cours étaient bien, les parcours aussi, ça permet de prendre un café et de décompresser.

Comment avez-vous réagi lorsque vous avez su que le Bayern affronterait la Roma ? Ca aurait fait une sacrée affiche en 40. Hahaha.

Dans quel état d’esprit allez-vous retrouver le stade Olympique ? Bah c’est à dire que je n’ai pas connu le stade olympique. En 84, moi j’ai joué l’Euro, on a gagné, mais je n’étais pas dans l’équipe qui a joué les Jeux Olympiques de Los Angeles, les petits, ils ont gagné aussi mais je n’ai rien à voir.

S’agira-t-il du sommet de votre carrière ? Non je suis allé à Courchevel il y a 4 ans, c’est le plus haut où je suis allé dans ma carrière.

Quel est votre objectif en Ligue des champions ? Comme tous les ans, essayer de choper une place pour la finale en loge.

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Zidanesque

Quelles sont vos impressions sur votre nouvelle formation ? Elle est bien. Jeune et dynamique, du potentiel.

Avant de signer pour 5 ans au Bayern, vous êtes-vous renseigné auprès de Franck Ribéry, que vous avez côtoyé lors de son passage à Marseille (2005-2007) ? C’est à dire que non, j’ai appelé Bixente, mon ami, pour savoir ce qu’était le Bayern.

Qu’avez retenu de votre parcours tortueux ? Pour le moment, les diplômes, c’est dur de les avoir, après, quand tu es lancé, tu cherches à gagner, c’est normal.

Comment avez-vous réagi lorsque vous avez su que le Bayern affronterait la Roma ? Du moment que la Juve ou le Real ne sont pas concernés, ça va. Ca va faire une belle affiche.

Dans quel état d’esprit allez-vous retrouver le stade Olympique ? Euh, c’est un état d’esprit normal, rien de particulier, un match quoi.

S’agira-t-il du sommet de votre carrière ? Non, le sommet, c’est 98.

Quel est votre objectif en Ligue des champions ? Participer avec la réserve du Real serait un grand moment.

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Leboeufade

Quelles sont vos impressions sur votre nouvelle formation ? J’étais à LA et j’ai appris enfin la méthode Strongsberg et Stakhanovshi. C’est pourquoi ils sont forts en ciné les américains, c’est une autre culture de l’entertainment, ils ont des méthodes pour apprendre à acter comme ils disent. Du coup je me sens plus prêt pour des castings.

Avant de signer pour 5 ans au Bayern, vous êtes-vous renseigné auprès de Franck Ribéry, que vous avez côtoyé lors de son passage à Marseille (2005-2007) ? Moi à Marseille j’y étais avant. Mais tu vois, Franck Ribéry, par exemple je le vois bien jouer dans les ewoks.

Qu’avez retenu de votre parcours tortueux ? De l’humilité. Je suis un gars humble, par exemple quand tu te retrouves en finale de coupe du monde face à Ronaldo, au vrai Ronaldo, tu dois être humble. Quand tu décides de changer de carrière, de te reconvertir et partir à l’étranger pour apprendre, tu dois être humble comme quand tu décroches tes premiers grands rôles. Là un des films va sortir, c’est le biopic de Stephen Hawking, pareil c’est l’humilité qui te fait progresser.

Comment avez-vous réagi lorsque vous avez su que le Bayern affronterait la Roma ? C’est une belle affiche pour la Roma. Quand je suis parti de Strasbourg pour aller à Chelsea, c’était pareil. Un challenge, ta vie doit être un challenge et l’objectif c’est de réussir. A l’époque, Chelsea, c’était rien et on a construit ce club. 10 ans après, Chelsea gagne la Champions League. C’est un peu mon travail de l’époque aussi qui paie.

Dans quel état d’esprit allez-vous retrouver le stade Olympique ? Un état d’esprit de winner.

S’agira-t-il du sommet de votre carrière ?
Non c’était la pub Pzifer.


Quel est votre objectif en Ligue des champions ? Gagner un Oscar. Si Dujardin l’a fait, pourquoi pas Leboeuf.

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Bonus Mimounique

Quelles sont vos impressions sur votre nouvelle formation ? J’espère que la nouvelle équipe de France sera fière de ses couleurs et portera le maillot bleu avec le respect et la volonté de gagner que j’avais en 56 pour le marathon de Sidney sous le cagnard et face à Zatopek, le plus grand coureur de l’histoire. C’était une sacrée course, très dure, mais j’avais la volonté de me dépasser, c’est comme ça que les jeunes doivent y aller maintenant.

Avant de signer pour 5 ans au Bayern, vous êtes-vous renseigné auprès de Franck Ribéry, que vous avez côtoyé lors de son passage à Marseille (2005-2007) ? Non je n’ai appelé personne car personne ne m’a appelé, je sais qu’on oublie facilement les vieux, je suis une relique, un symbole d’une autre époque, on ne m’invite plus aux célébrations, je suis trop vieux pour les jeunes d’aujourd’hui et ils n’écoutent jamais les conseils des anciens qui ont l’expérience et qui ont gagné contre Zatopek en 56 à Melbourne.

Qu’avez retenu de votre parcours tortueux ? Déjà j’ai gardé mon maillot porte bonheur, vous savez, le maillot avec le numéro 13. Celui qui m’a porté chance et qui m’a poussé dans la douleur pour gagner contre Zatopek à Canberra en 56 alors que je n’étais pas favori. Je cours toujours vous savez, donc j’ai profité de la vie et su garder la forme. Il faut savoir pousser ses limites, sinon tu ne fais pas l’exploit, jamais tu ne peux battre Zatopek. Vous savez, j’ai commencé garçon de café, rien ne me destinait à courir aussi loin, et pourtant je l’ai fait, pour la France, alors que je m’appelle Mimoun. Je suis une histoire de France tortueuse, il ne faut pas oublier.

Comment avez-vous réagi lorsque vous avez su que le Bayern affronterait la Roma ? Ca m’a rappelé mon dernier marathon olympique en 1960, pour défendre mon titre de 56 contre le grand, l’immense Zatopek. Mais j’ai fini 30è, cette fois.

Dans quel état d’esprit allez-vous retrouver le stade Olympique ? Je vais penser à Bikila et à sa victoire pieds nus, une victoire en nocturne. Forcément courir la nuit c’est plus frais pour les pieds nus, s’il avait couru à Melbourne en 56 sous le soleil australien, ses pieds seraient restés collés à la ligne de départ, hahaha. C’est sur que je l’aurais battu comme Zatopek, si Bikila avait couru pieds nus à Sidney en 56. J’étais sur une autre planète ce jour-là. A Rome, c’était la fin, mais je voulais courir ce marathon, malgré l’âge.

S’agira-t-il du sommet de votre carrière ? Non c’était en 56 à Melbourne. Gagner devant Zatopek.

Quel est votre objectif en Ligue des champions ? Qu’un match se joue dans stade Alain Mimoun.

@TheSpoonerWay

A retrouver ici : http://horsjeu.net/fil-info/au-courrier-lecteurs-the-spooner-continue-decouter-les-voix-tete/

Au courrier du coeur - L'entretien du nez #1

L’interview de Nicolas N’Koulou « On a notre petit mot à dire » – cf  L’Equipe du 20/10/14, page 2, « .
C’est l’entretien du nez, on reprend les questions, on change les réponses à la sauce cyranesque.
Les questions de sont vraies, les réponses adaptées.

Cantonesque

Avez-vous le sentiment d’être enfin revenu à votre meilleur niveau ? C’est quoi le meilleur niveau ? Tu le définis par rapport à quoi ? Tu as des critères pour te permettre de juger une excellence, moi je ne connais pas. Alors bon « mon » meilleur niveau, c’est quoi en plus ? Est-ce que tu me fixes une limite terrestre ou alors c’est un effet de style, un effet de manche, une illusion pour raconter le vent de ton analyse ? Moi je joue, je me fais plaisir, je joue bien, je vous fais plaisir, l’équipe gagne, et quoi alors, pour vous je reviens à mon meilleur niveau. N’importe quoi.

Comment avez-vous vécu la saison passée, où votre rendement n’était pas le même qu’aujourd’hui ? Tu t’écoutes ? Je joue au football avec sensibilité, avec l’épiderme, je ressens le sport comme un papillon sur ma peau, c’est léger, éphémère et plein de couleurs, c’est beau, c’est universel. Toi tu viens avec tes questions vulgaires, tu me parles de rendement comme si j’étais à l’usine, tu insultes les ouvriers, les travailleurs, eux triment, eux ont un rendement à effectuer. Moi je joue pour leur plaisir, je n’ai pas de rendement sinon celui de leur bonheur.

C’était aussi un problème physique ? Le physique, oui le physique, c’est le problème, c’est la limite humaine, c’est ce qui détermine le domaine du possible et qui nous empêche de toucher celui de l’impossible. Le physique, c’est une contrainte, comme la gravité sur Terre, c’est qui nous empêche de voler.

Justement, on parle beaucoup de Marcelo Bielsa. Il a changé beaucoup de choses ? Bielsa, comment te dire, Bielsa, il est lui même, fidèle, loyal avec le football comme idéal. Confonds pas hein, pas un idéal de football, mais le football comme idéal, et ça le monde, il n’est plus habitué. Il est blasé le monde. Le monde depuis quelques mois, c’est comme s’il devait retrouver son enfance perdue, Bielsa, c’est un peu le jardin d’Eden du football, le paradis perdu qu’on retrouve. C’est un miracle, il faut en avoir conscience. Si on ne parlait pas rendement Bielsa, il serait président du monde depuis 10 ans.

Vous avez le sentiment de progresser ? Moi oui bien sur et le football aussi.

Votre entraîneur est assez exigeant, physiquement, et il ne fait pas beaucoup tourner l’équipe. Vous pensez pouvoir tenir ? L’important c’est de tenir 90 min de plus que les autres.

Si l’on vous demande, vous allez évidemment dire que vous ne regardez pas le classement… Non, le classement, on le regarde à la fin de la saison. Avant on joue.

Aujourd’hui, en L1, le PSG est à sept points de l’OM. C’est si peu et en maintenant grandiose.

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Lizarazustique

Avez-vous le sentiment d’être enfin revenu à votre meilleur niveau ? Je pense même l’avoir dépassé depuis quelques matchs maintenant. Je suis bien revenu grâce au staff très compétent et à la pointe du Bayern et à la rigueur accordée à la rééducation par le travail, la souffrance et parfois la mort. Mais je suis plus fort.

Comment avez-vous vécu la saison passée, où votre rendement n’était pas le même qu’aujourd’hui ? Non mon rendement était le même et l’équipe de München, enfin de Munich était toujours aussi forte, mais disons que la saison dernière et seulement la saison dernière une équipe a été plu forte que nous.

C’était aussi un problème physique ? Oui sans doute, sans vouloir mettre en cause les méthodes des adversaires, il est notable que le Bayern, qui domine traditionnellement et outrageusement le football allemand depuis tant d’années se fasse dépasser une seule année par une équipe alors que l’ossature du groupe reste le meilleur d’Europe.

Justement, on parle beaucoup de Marcelo Bielsa. Il a changé beaucoup de choses ? Oui tout comme les joueurs cadres dont je suis lui ont apporté la culture du club.

Vous avez le sentiment de progresser ? C’est un collectif qui progresse, une moyenne des individus entraînés par des locomotives qui connaissent le club, sa philosophie et qui ont construit une partie du palmarès prestigieux.

Votre entraîneur est assez exigeant, physiquement, et il ne fait pas beaucoup tourner l’équipe. Vous pensez pouvoir tenir ? Oui.

Si l’on vous demande, vous allez évidemment dire que vous ne regardez pas le classement… Non, nous sommes devant, nous sommes le Bayern.

Aujourd’hui, en L1, le PSG est à sept points de l’OM. Pourquoi me parler du championnat français ?

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Gascoignien

Avez-vous le sentiment d’être enfin revenu à votre meilleur niveau ? Hier soir, j’ai à peine fini ma 14e pinte avant 22h, ça va je progresse, mais disons que d’avoir arrêté de boire à cause du foot, j’ai pris du retard dans la préparation de la saison.

Comment avez-vous vécu la saison passée, où votre rendement n’était pas le même qu’aujourd’hui ? Bah la vie est une histoire de choix. Avec un peu de distance, je regrette d’avoir repris le football, surtout à un niveau amateur. Il vaut mieux régner en enfer que d’être esclave au paradis. Cette année, je reviens en force, j’ai abandonné tous les obstacles, famille, enfant, amis et boulot. Je me consacre uniquement à la boisson.

C’était aussi un problème physique ? Oui l’estomac n’était plus aussi dilaté.

Justement, on parle beaucoup de Marcelo Bielsa. Il a changé beaucoup de choses ? Il a montré qu’il ne fallait jamais perdre de poids et rester performant, quitte à se foutre du café par le cul, comme hier sur sa glacière. Toutes les techniques sont bonnes pour réintégrer le top niveau.

Vous avez le sentiment de progresser ? Oui complètement, chaque soir, je progresse, c’est beaucoup d’investissement personnel, même si je ne me souviens plus des fins de soirée, je regarde le lendemain le ticket de caisse pour connaître mon score.

Votre entraîneur est assez exigeant, physiquement, et il ne fait pas beaucoup tourner l’équipe. Vous pensez pouvoir tenir ? Du moment que la bière est tiède, je digère bien. Avec des cacahuètes bien grillées, ça fonctionne bien pour la soirée. C’est le mouvement universel à portée de main comme a dit Van Damme.

Si l’on vous demande, vous allez évidemment dire que vous ne regardez pas le classement… Si je regarde, parce que le prix des bières est différent et comme je ne gagne plus rien depuis pas mal de temps, je dois être proche de mes sous. 

Aujourd’hui, en L1, le PSG est à sept points de l’OM. Voilà, le PSG est plutôt amer et difficile à avaler, l’OM c’est plus doux.



@TheSpoonerWay

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