vendredi, octobre 12, 2018

La trahison éclair - Hors Jeu l'émission n°3


« Tolstoï conte qu’étant officier et voyant, lors d'une marche, un de ses collègues frapper un homme qui s'écartait du rang. Il lui a dit : « N'êtes-vous pas honteux de traiter ainsi un de vos semblables ? Vous n'avez donc pas lu l'Évangile ? ». À quoi l'autre répondit : « Vous n'avez donc pas lu les règlements militaires ? ».
Cette réponse est celle que s'attirera toujours le spirituel qui veut régir le temporel. Elle me paraît fort sage. Ceux qui conduisent les hommes à la conquête des choses n'ont que faire de la justice et de la charité.
Toutefois Il me semble important qu’il existe des hommes, meme si on les bafoue, qui convient leurs semblables à d’autres religions qu’à celle du temporel. Or, ceux qui avaient la charge de ce role, ne le tiennent plus, mais tiennent le role contraire.”
Avant-propos de la première édition de La Trahison des clercs de Julien Benda, 1927.
Nous sommes 91 ans après, la situation a empiré. La situation a empiré car les clercs ne sont plus ceux de l’époque et nos lumières ne sont que des gloires médiatiques. Le rôle de leader des foules est conduit par des sportifs célèbres, populaires et dont le mérite a, contrairement à tous les autres corps constitués de la société, été de faire rêver la population. Ils ne souhaitent finalement qu’une chose, celle de vouloir vivre leur après-carrière comme la suite de cet état de grâce, les compromissions sont-elles si importantes finalement ? A leurs yeux, non, car un politicien ou un autre ne changerait rien. Ce n’est pas l’échec de Lula et de des successeurs qui conduisent Ronaldinho ou Lucas Moura a choisir le camps du déshonneur, qui n’est pas cette fois-ci, le camps des loges.
Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. C’est le Christ sur sa croix qui appelle à la clémence ; c’est le Christ qui appelle au pardon du crime que ses juges commettent, ils ne savent pas ce qu’ils font. Clémence, repentance, réconciliation face à la peur, à la bêtise et à la haine. Il n’y aura jamais de meilleure conclusion que la citation de Yoda : “La peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine… mène à la souffrance.” Est-il seulement possible que personne ne fasse apprendre cette phrase par coeur à l’humanité. C’est pourtant la solution.
Sachant cela, chaque appel aux votes pour ces brutes est autant de futur crime. Il n’est plus temps de sourire poliment en excusant l’erreur de jeunesse, l’erreur d’éducation, l’erreur tout court. Et là nous avons le choix, il y a deux écoles : soit Ronaldinho a une réelle conscience politique et sa prise de position est celle d’un connard écervelé ; soit Ronaldinho est l’instrument de conseillers qui ont plein de choses à gagner et sa prise de position est celle d’un écervelé doublé d’un connard.
La responsabilité d’un footballeur est immense mais elle s’arrête au football, c’est autant à lui de le comprendre qu’au public gavé de prédicateurs fins de race, traîtres en tout genre et adeptes de toutes les acrobaties pour l’antenne en ayant la bouche pleine de leur propre diarrhée. Comme le prochain opus de Human Centipède avec Praud, Barbier, Menes, Djellit, Favard, Gazan, Verdes et autres parasites.
Je pourrais dire, laissons Ronaldinho où il est, mais ce serait également abandonné ceux qui croient, par quelle raison exacte je n’en sais rien, ceux qui croient que son soutien à un sens pour leur quotidien et leur avenir. Ne laissons pas Ronaldinho tranquille, ne laissons pas Lucas Moura tranquille, ne laissons pas ces gens se servir de la simplicité de ceux qui les ont portés aussi haut que le soleil pendant leur carrière. Ne laissons pas ces gens être instrumentalisés par des conseillers qui savent qu’un Ronaldinho vaut dans le débat, dans les urnes cela reste à valider, plus que nombre de promesses. Ne laissons pas se propager l’idée que le rejet de l’autre et de la différence sont des gages pour une plus grande prospérité et puis quelle prospérité, pourquoi en faire l’objectif de l’humanité. Ne laissons pas gagner l’idée que la prospérité vaut mieux pour un petit nombre car les parts du gâteau seront plus grandes. L’arabe, le juif et la pédale qui sont autour de cette table le savent bien. Croyez-en un beau blond propriétaire à Paris, et ailleurs, pour qui la réussite n’a qu’un seul défaut, celle des possibilités et donc des limites de l’être humain. Mais je m’égare et je voudrais enfin trouver la solution à cette énigme qui m’obsède, est-ce que Céline est un méchant ? Mais évidemment qu’il en est un, c’est un salaud, un fils de chien, c’est une putain de raclure, mais c’est le plus grand écrivain. Voilà tout le problème, le génie doit être universel, dans son propos, sa tenue, le choix de ses positions, il a la chance de pouvoir léviter autour des contingences du temps. Il a le devoir de nous parler, ils le savent tous et derrière l’excuse de vouloir nous montrer ce que nous voudrions voir par leurs yeux, ils nous montrent la petitesse de l’être pourrissant que nous sommes tous, fait de chair, de sang, de beaucoup de vide et pas mal de merde, être terriblement normal qu’ils ont finalement choisi de rester, avec la certitude de mourir avec leurs contemporains. Ci-gît Ronaldinho Gaucho et Lucas mourut.


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