vendredi, novembre 30, 2012

Gérard Ejnès - Commentaire composé

-->
France Football – 30/11/12
Edito de Gérard Ejnès


GE : « A ce moment de l’histoire, on est en droit de penser qu’il était vraiment inutile de déranger les journalistes de 170 pays qui ont tous une édition à boucler, les sélectionneurs qui ont tous une tactique à imaginer et les capitaines qui ont tous un brassard à repasser, pour parvenir à un résultat tellement convenu. »

TS : Mon cher Gérard, c’est avec finesse qui tu sous-entends que seuls les journalistes avaient quelque chose de sérieux à faire ces dernières semaines. Les sélections étant terminées, les sélectionneurs n’avaient rien à faire, donc les capitaines, plus de brassard à repasser. Ils t’en seront reconnaissants. Les gens ne font donc que ce qu’ils sont payés à faire. Bravo bel esprit Gérard.


GE : « Franchement, avec son esprit simple, un enfant de huit ans nous aurait fourni le même trio sans que nous soyons obligés de multiplier les relances. »

TS : Gérard, rusé comme un renard des surfaces, dit clairement que la majeure partie des votants est composée de sombres abrutis qui se contentent de Téléfoot ou de lire France Football pour avoir un avis si enfantin. Pour quelqu’un de cultivé comme toi, qui en plus cite Mozart plus loin dans ce même édito, c’est réducteur et antinomique de réduire l’avis d’un enfant de huit ans à un choix de benêt.


GE : « En d’autres temps, Drogba aurait fait des miracles sur son mois de mai magique et Casillas forcé la porte avec son palmarès unique, un critère historiquement essentiel. »

TS : Et voilà l’attaque à peine mouchetée. Gérard regrette le temps où FF était le beau et fier propriétaire de ce Ballon d’or. Quand seuls les journalistes des pays européens votaient, un temps pas si ancien mais à jamais révolu. Mieux ou pire, franchement, le mode de scrutin ne dérange que peu de monde, c’est le principe même qui est discutable.


GE : « Le lutin argentintin (pour les autres) »

TS : Sincèrement, je n’ai pas saisi le jeu de mots.


GE : « La télé existe largement depuis aussi longtemps que le Ballon d’or, mais elle est devenue tentaculaire, multipliant ses chaînes spécialisées à foison et étendant ses ramifications sur Internet, le i ceci ou les i cela qui nous repassent en boucle les tours de passe-passe des artistes de la balle ronde. »

TS : Je passe rapidement sur les « i ceci cela », à part itélé, je ne vois pas de quoi on parle. En fait ce qu’il faut comprendre c’est comme avant il n’y avait pas autant de vidéo et d’informations disponibles sur le foot, les journalistes pouvaient faire ce qu’ils voulaient et élire ce qui leur semblait le plus juste. Aujourd’hui c’est plus compliqué. Au final, on peut légitimement dire que les vieux journalistes sportifs ont contribué à faire connaître, à intéresser le plus de gens possibles à travers radio et journal. Maintenant ces gens veulent des images. Les journalistes ne sont pas contents, pourtant tout le monde voit, que dans cette dénonciation de Gérard, que si tant de personnes veulent des informations sur le foot, c’est parce que les vieux journalistes sportifs ont scié leur propre branche. Logique.


GE : « Avec Messi ou Ronaldo, il faut reconnaître que 2012 nous a gâtés. Ce sont des records de buts à la Beamon, un sauteur en longueur qui bondit un jour dans un autre siècle, qu’ils nous ont offerts et qui tiendront cinquante ans. Ou un an. »

TS : Merci de préciser à nous sombres abrutis de supporteurs de football qui était Bob Beamon. Pour ceux qui veulent en savoir plus, un superbe article se trouve ici http://thespoonerwayoflife.blogspot.fr/2008/10/knocking-on-heaven-door.html
Bon en fait Gérard nous avoue ici qu’il ne sait de quoi demain sera fait, qu’un tiens vaut mieux que deux tu l’auras, que bien mal acquis ne profite jamais et que tant va la cruche à l’eau, à la fin elle se brise. Merci.


GE : « Evidemment, entrer en finale avec une minable Coupe du Roi pour l’un et un simple titre de champion d’Espagne pour l’autre, ça fait un peu chiche. »

TS : Le révionnisme n’ayant aucune limite, je demanderai à ce qu’on m’apporte le palmarès de Stanley Matthews, Lev Yachine, Jean-Pierre Papin, Pavel Nedved, ou même Ronaldinho, l’année de leur sacre individuel. Autre chose, lequel des ces anciens sacrés a connu des concurrences individuelle, Messi vs Ronaldo, et collective, Real vs Barça, aussi intenses ?


GE : « Le formidable Iniesta peu au moins revendiquer un titre international en forme d’Euro, en plus de sa Coupe du Roi de peu de poids. Ce qui lui dessine un profil type de vainqueur plus encore que d’outsider idéal. En attendant, Michel Platini, qui n’aime rien tant que les contre-pieds, s’est arrangé pour le faire sacrer par son UEFA, comme s’il voulait indiquer le chemin. »

TS : Evidemment et pour le moment, Gérard est le premier à tomber dans le panneau en alimentant ce qui serait un scandale si Iniesta n’était pas Ballon d’or. Gérard aurait pu critiquer la superposition inutile de récompenses et la course institutionnelle inepte, mais non.


GE : « Rien n’est impossible à cet Andrès-là, qui serait pourtant tellement plus fort s’il ne traînait comme un boulet son Xavi ma vie, lequel accompagnait les deux intouchables en 2012. »

TS : En dehors de la référence putassière à TF1 pour un grand homme comme Xavi, la rhétorique est tout aussi bas du front : alors si Iniesta n’avait pas Xavi, il serait plus fort. Ok. MAIS s’il n’avait pas non plus Messi, il serait 40 fois plus fort ? C’est bien cela la logique ? Inutile d’épiloguer.


GE : « Didier Braun avait raison, qui écrivit un jour dans l’Equipe que c’est pour Xaviniesta qu’il faudrait voter, tellement ils sont une synthèse quasi-parfaite. Mais laissons les rêves de côté et avec eux les incantations divinatoires. »

TS : Mais pourquoi putain laisser tomber ce genre de rêves, le foot est quand même là pour cela. Comme dans d’autres domaines et récompenses, des prix Nobel aux Palmes cannoises, les doublés arrivent. Justement Gérard, c’est dans ce sens qu’il faut tendre, c’est le football qu’on récompense.


GE : « Mesnaldo ou Ronalssi n’existent pas , eux non plus. Quant à Ronalssiniseta… Ici, point de Sainte Trinité. Les génies sont uniques. Dans tous les domaines de la société ils s’additionnent. Sauf en football, où Bach, Mozart et Beethoven se combattent. Drôle de monde. »

TS : Difficile tout de même de ne pas penser « quel vieil aigri » ; et nous aurions raison car le vieux est amnésique. Qu’on trouve un domaine où les génies se sont sublimés sans concurrence justement. Ni Messi, ni Ronaldo n’aurait sans doute atteint ce niveau sans leur concurrence, sans les classicos, sans leurs courses aux performances et aux records. Et comme dans tous les domaines de la société, c’est la société qui gagne de cette émulation. Et le football en premier, car les trois finalistes ont tous battu des records cette saison, avant tout ce sont des compétiteurs et ils veulent gagner. Ils gagnent.

Drôle de monde où les commentateurs n’ont aucune distance par rapport à leur sujet. Triste monde où ces relais, qui n’ont d’importance que le prix du papier, tentent d’entraîner les passionnés dans leurs esprits étroits.


Sur Twitter @TheSpoonerWay

A retrouver sur horsjeu.net : http://horsjeu.net/fil-info/the-spooner-reprend-ledito-de-gerard-ejnes-du-jour/ 

mercredi, novembre 28, 2012

Le match de Zlatan - ASSE-PSG - Coupe de la ligue - 27/11/12


Le match de Zlatan – Quart de finale Coupe de la ligue
ASSE-PSG – 27/11/12


De retour après quelques mois, le match de Zlatan, l'original, le vrai, est de retour. Voici le compte-rendu à chaud. Simple coïncidence si les 2 derniers posts parlent du même joueur, pas la peine de le noter.

1’ – 1er centre raté pour Zlatan qui est chaud bouillant et montre déjà des mains qu’il faut lui mettre la balle dans les pieds. Il se dit que c’est un peu rapide pour gueuler et décide d’applaudir l’effort de centrer.

2’ – D’un noble revers de la main, Zlatan fait signe à Lavezzi de rester sur la touche. La ligne de touche. Ou de rentrer au vestiaire. Loin de lui.

6’ – Zlatan se rend compte très vite que les centres ne vont pas arriver, il redescend déjà entre les lignes stéphanoises.

8’ – Passe de Lavezzi qui est en orbite autour de Zlatan, le géant se retourne, tire sans élan. Ruffier est là.

10’ – Perrin se laisse tomber, l’arbitre siffle une faute imaginaire contre Zlatan qui réagit noblement face à l’injustice, il s’en tape et se casse.

12’ – Deux Stéphanois se gênent dans la surface, Lauclair déclare que ce sont des verts de contact. Larqué veut signer à France 3 finalement.

13’ – Zlatan lancé balle au pied en 1 contre 1 perd son duel contre Ruffier qui stoppe le tir pas terrible du Suédois. Tout le monde sait qu’il a fait exprès de rater, la passe décisive venant d’un joueur de Saint-Etienne. Zlatan respecte la convention de Genève.

19’ – Les journalistes ne sont pas aveugles, juste totalement conditionnés par les médias. Pour eux, « Zlatan redescend sur le terrain », mais il ne décroche pas comme un vulgaire Anelka. Classe.

22’ – Zlatan perd la balle sur la droite du terrain, car il attendait l’appel de Lavezzi. Pour lui, c’était trop tard. Il ne manque de lui dire.

23’ – Zlatan ne capte pas une passe et l’effleure du pied et la perd. Pour les journalistes, forcément objectifs, Zlatan joue en déviation. Classe.

25’ – Hoarau est interviewé du banc de touche, il fait son match. Zlatan est content qu’on lui donne autre chose à faire que du foot.

27’ – Lavezzi ne sait plus où se mettre pour ne pas se faire engueuler. Du coup, il est partout sauf en attaque.

33’ – Passe décisive de Zlatan pour Lavezzi qui la met au fond. Hors-jeu sifflé. Il va encore se faire engueuler, il fallait partir avant.

35’ – Pour les journalistes, qui ont une probité à toute épreuve, Zlatan ne décroche pas, mais « Zlatan va chercher les ballons très bas ». Il n’est jamais trop tard pour apprendre Nico.

36’ – Geste sans équivoque de Zlatan. Des bras il demande à Matuidi de venir percuter davantage. Comprendre : viens prendre la place de Lavezzi.

37’ – Zlatan frappe un coup-franc directement dans le mur. Tout le monde sait que c’est la faute de Lavezzi qui n’avait qu’à faire écran dans le mur.

38’ – De plus en plus bas, Zlatan redescend à côté de Maxwell. Tout le monde comprend que le numéro 18 veut être à côté du 17, c’est plus ordonné.

39’ – Après 40 minutes d’efforts, Aubame a presque une coiffure normale, ses pics et sa mèche disparaissent. Le catogan de Zlatan est quant à lui sponsorisé par Elnett, il ne bouge pas. Classe.

43’ – Coup-franc de Sainté, Zlatan est dans le mur. On se demande si une 3è main ne lui offrirait pas une meilleure protection pour son nez.

Mi-temps : L’arbitre siffle, le journaliste s’éveille, on entend timidement qu’on n’a pas forcément trouvé Zlatan aux endroits habituels.
Lauclair avec son écharpe bordeaux > Barbier avec son écharpe rouge

48’ – Evénement. Zlatan applaudit un centre de Lavezzi. Pour le petit, c’est un peu sa coupe du monde.

57’ – Coup-franc à 40 mètres pour PSG, faute obtenue par Ménez qui ne cherche pas à tirer, s’en va sans regarder Zlatan qui arrive pour le tirer. On va entendre parler pendant 10 ans de son coup-franc contre l’OM. Effet Roberto Carlos. Et donc il n’en mettra jamais un 2è.

58’ – Zlatan perd la balle, mais l’a fait exprès car il montre un vert à terre et voulait stopper l’action. Classe hypocrite, mais classe quand même.

59’ – Centre missile de Ménez dans la poitrine pare-balle de Zlatan qui contrôle et tire. L’amorti n’est pas mal quand même.

63’ – Lavezzi passe à Zlatan dos au but et ne peut rien faire. Il va sans doute se faire engueuler, on en sait pas pourquoi, on sait que ce sera en suédois.

73’ – Zlatan tente un relai avec Lavezzi qui perd la balle. Zlatan ouvre les bras de dépit.

74’ – Passe de profondeur de Maxwell qui ne trouve pas Zlatan qui crache et insulte sans doute la famille de son coéquipier.

79’ – Zlatan va faire une attaque cardiaque : Ménez remplacé par Nene, il va donc être entouré par le Brésilien et Lavezzi. On apprend que le masque du Brésilien a été fabriqué en Italie. Sans doute des restes du carnaval de Venise.

86’ – Jallet tente la passe à Zlatan. Interceptée. Zlatan ouvre les bras de résignation.

96’ – Jallet dribble Zlatan. Ca va mal finir cette histoire.

98’ – Lavezzi qui tente de combiner avec Nene. Zlatan va vraiment finir par les faire rôtir.

102’ – Passe de Lavezzi pour Zlatan. Interceptée. Zlatan lève les yeux au ciel, il en appelle au divin.

104 – L’occasion du match. Lavezzi qui n’est pas redescendu, récupère MIRACULEUSEMENT une mauvaise passe en retrait d’un vert. Surpris et à peine réveillé, il ne tente pas le tir mais se débarrasse de la balle comme il peut pour Zlatan qui ne peut pas bien armé. Ruffier plonge dans les pieds du Suédois, c’est fini. Lavezzi qui sait qu’il a fait une connerie, se met à genoux, la tête dans les bras, prêt à être lapidé. Zlatan à deux mètres, frappe la pelouse et hurle. Le terrain tremble.

111’ – Zlatan peine à sauter, ça va faire deux heures qu’il demande la balle dans les pieds, que ce soit un Parisien ou un Stéphanois qui fasse la passe.

112’ – Matuidi tente la balle piquée pour Zlatan qui est hors-jeu. On approche de la dépression chez Zlatan. Il demande à faire rentrer son fils sur le terrain.

113’ – Zlatan centre en retrait pour Lavezzi qui broute le gazon. Zlatan lève les bras de dégoût, ça ne vaut plus le coup de l’engueuler. C’est au-delà de la colère.

114’ – Syndrome Suède-Angleterre. Zlatan tente une bicyclette n’importe où, n’importe comment. Il n’en plus jamais une comme ça. Allez tenter de lui expliquer aussi…

Fin de match – On a du mal à passer la balle à Zlatan, pourtant bien démarqué… à suivre.

Zlatan rentre au vestiaire pour en découdre avec quelques potes. Il va pouvoir se concentrer sur le championnat.


The Spooner.

Sur Twitter : @TheSpoonerWay

lundi, novembre 26, 2012

Le journalisme vrai - Zlatan Ibrahimovic



Les propos de Zlatan Ibrahimovic publiés dans Le Parisien du 25/11/12 ne sont pas vraiment ce que le Suédois a répondu aux questions du journaliste.

Voici ce qu’aurait du dire le joueur du PSG.


Le Parisien : Quelle est votre analyse d’un point de vue personnel et collectif ?

Zlatan Ibrahimovic : Non sérieusement tu déconnes ?! Tu veux que je te parle d’une analyse sur le plan collectif ? Attends je vais te faciliter les choses, mon analyse personnelle et collective ce soir, c’est la même. J’ai été bon, le collectif a été bon, même les supporteurs ont été bons grâce à moi. En plus le Prince était dans les tribunes, je vais te dire que j’ai assuré mon augmentation de salaire. L’année prochaine je fais mon équipe.


LP : Ressentiez-vous une grosse pression après les deux défaites de suite en L1 ?

ZI : Tu me dirais deux défaites de suite en Champion’s League ou à la Coupe du monde, je te dirais « ouais ok, il y a danger ». Mais bon on est en France, tu comprends, la pression est aussi forte que quand je suis constipé, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. J’ai été absent 2 matchs, je reviens tranquillement et bam. Tu vois la pression comment on la gère dans les grandes équipes.


LP : On parlait de la pression sur l’équipe et non sur vous…

ZI : Ah ouais et je ne fais partie de l’équipe ? Tu regardes les matchs ou tu nettoies les chiottes pendant qu’on joue ? Zlatan c’est l ‘équipe, quand tu parles à Zlatan, tu parles à l’équipe, tu enregistres ? On est des professionnels. Tu as vu la pression de ce soir, tu crois qu’une équipe sous pression met une valise comme celle-là.


LP : Vous êtes absent et le PSG perd. Vous revenez et il gagne. Comment expliquez-vous cela ?

ZI : T’es pas la moitié d’un cireur de crampons toi. Mais je ne tombe pas dans le panneau. Je t’explique, tu gagnes, tu perds, ça s’appelle le football. Je suis un joueur, je connais les possibilités. Je fais le boulot. Pas toi. Si tu étais un journaliste tu aurais la réponse à cette question puisque tu aurais réfléchi. Là non.


LP : Vous avez pris un coup en fin de match…

ZI : Ah tu vois quand tu veux, tu peux analyser en profondeur un match. Je n’ai pas pris un coup mon grand, je me suis jeté sur le ballon et il y avait le gardien. Mais j’ai montré, au travers de cette action, que j’avais une grosse volonté.


Les questions sont toutes vraies. Seule la dernière phrase de Zlatan Ibrahimovic est vraie.


The Spooner.


Sur Twitter : @TheSpoonerWay











mardi, novembre 20, 2012

Et tout a changé pour ces quelques mots…



 
Cela fait maintenant trois coupes de la ligue gagnées par l’OM, que le monde a failli imploser pour quelques mots plus hauts que les autres, quelques mots affichés en plus gras que les autres sur un journal qui a décidé de prendre le virage le plus glissant de la presse monopolistique. Que s'est-il passé dans le vestiaire de l'équipe de France en cet été 2010 ? Quels mots ont été échangés pour faire éclater un groupe et mettre un pays contre un joueur ? Peu de secret dans notre ère moderne ont fait couler autant de sang encore chaud. Oui parce que ces quelques mots ont laissé des cicatrices et seules de longues années pourront nous permettre un jour d’arrêter un qualificatif légitime pour les événements de Knysna. Le même processus a été observé pour les « événements d’Algérie » et les « événements de mai 68 », or à l’époque, il s’agissait bien de deux guerres civiles, c’est vous dire quelle postérité attend ces quelques minutes dans un vestiaire. Tous les ressorts d’une intrigue guerrière étaient présents, le général, les lieutenants, les soldats, les déserteurs, les agents doubles, les dirigeants, les nations étrangères, une médiatisation extrême. Et tous les sentiments qui font que la plupart d’entre nous voudrait arborer fièrement devant le regard admiratif du monde nos slips kangourous aux couleurs de notre divine nation.

Nous nous sommes retrouvés à poil, dans le froid, à chercher du regard un repère, un souvenir, des images qui nous diraient d’une voix douce et chaude, « tu sais personne n’oubliera que vous avez fait de grandes choses, mais tout le monde saura maintenant que vous avez plus de facilités à tout gâcher et à vous rendre ridicule. Honte à vous qui avez souillé les beaux souvenirs. »

Le plus grand de cette histoire, c’est que personne n’a jamais vraiment su quels ont été les mots employés, jamais personne ne saura vraiment ce qui s’est dit, parce que le rouleau compresseur de la presse à scandale est passé par là et qu’il sera à jamais plus facile de se souvenir de cette Une putassière plutôt que de comprendre comment la situation a pu dégénérer jusque là. Qui veut vraiment savoir en fait ?

Deux ans après et un sélectionneur plus loin, voilà qu’on nous remet dedans et qu’on veut nous donner à manger la vérité. La même overdose consentante qu’à Noël. J’en suis au 4è repas de fêtes enchaînés en quelques jours, mon corps n’en peut plus, je suis dégouté du foie gras que je mange de manière automatique, et pourtant je l’engloutis et j’en redemande. Jusqu’à plus soif, jusqu’à plus faim, plus loin que le dégoût d’avoir à manger sans plaisir. Et on veut nous resservir encore cette histoire, cela fera toujours un sujet avec la famille, un sujet commun plutôt qu’un sujet qui rassemble, un symbole de discorde. Et j’en redemande, je veux qu’on me dise ce qui s’est passé putain. Je veux savoir qui est con, non, en fait je le sais déjà. Je veux le relire une fois de plus, être persuadé que je peux juger ces gens plus jeunes, plus riches, plus talentueux, mais plus simples et le reflet de ce que personne ne veut devenir mais de ce que nous sommes tous ensemble, un agrégat complexe de personnalités.

Il faudra extrapoler ces mots, étirer leur sens, détourner leurs synonymes, en faire des exemples à ne pas suivre, parce que c’est la tendance du football, il faut fuir ce que le football montre, les succès ne sont que faciles, les défaites ne sont que méritées, les scandales, plus ou moins créés et amplifiés médiatiquement, montrent la déviance de ces êtres moches, repoussants. Ils seront à la manière d’un coup de boule, d’une relation tarifée, dans la droite lignée de cette absence de valeurs qu’il faudrait trouver dans le sport. Finalement c’est tout aussi bien.

Jamais ces mots n’ont été aussi proches, jamais la vérité n’a été aussi proche. J’ai peur d’être déçu par ces mots, qu’ils ne soient pas à la hauteur de ce que les histoires, les dires, les rumeurs, les exagérations ont fait naître dans l’imaginaire collectif. Le timing est bon, demain je vais avoir un cadeau, quelque chose à laquelle j’ai pensé pendant des mois, demain c’est le moment où l’excitation est à son comble, condamnée à redescendre dès que le papier va commencer à se déchirer avec ce sentiment ambiguë : le charme sera définitivement rompu quand j’aurai lu ces mots. L’espoir de les avoir lus sera toujours plus excitant que la vérité, qui n’a jamais réellement excité l’homme. Le fantasme est tellement plus sauvage et libre.

Voilà, quelques mots non maîtrisés ont transformé l’histoire, la petite, la nôtre, celle du football. Le football français a mis 80 ans à ne plus prendre de valises à chaque sortie, 80 ans pour avoir un palmarès plus grand que de nombreuses grandes nations du football, comme l’Angleterre, l’Espagne ou les Pays-Bas, et il a fallu une dizaine de gars et une quinzaine de jours pour tout ruiner sans même laisser son public en profiter une dizaine d’années. Les enculés.


The Spooner.


Sur Twitter : @TheSpoonerWay

A retrouver sur horsjeu.net : http://horsjeu.net/transferts/au-courrier-du-coeur-les-bleus-ces-encules/ 

lundi, novembre 05, 2012

Benjamin Biolay - Commentaire composé

Un entretien initial avec Sofoot.com dans le cadre de sa promo pour son nouvel album. Un commentaire détourné disponible également dans Le Courrier du coeur sur horsjeu.net



So Foot : Le titre de ton précédent album, « La Superbe », allait bien avec ce que l’OL a pu vivre toutes ces années de domination. Le prochain, « Vengeance », pourrait raconter aussi quelque chose de l’équipe du moment ?
 The Spooner : Première question vicieuse du journaliste. Les lecteurs ne s’y sont pas trompés, « La Superbe » et « La Vengeance » sont des références aux ex du chanteur.

Benjamin Biolay : J’aimerais bien qu’il y ait cette notion de vengeance, de revanche à prendre.
 TS : De qui de quoi, on ne sait pas, sans doute une private joke, perso je ne comprends absolument pas. Alain Perrin est sans doute celui qui est visé.

BB : J’ai quand même l’impression que l’effectif est motivé. Après, quand t’es lyonnais, tu sais comment on est : on parle pas. Ou quand on parle, on parle mal. A en paraître arrogants parfois.
TS : Absolument pas d’accord avec toi BB, le « parfois » est indéniablement de trop.

SF : Un type qui ne parle pas, c’est Malbranque…
http://www.leprogres.fr/football/2011/09/08/steed-malbranque-je-n-avais-plus-de-plaisir-a-jouer
http://www.lesbossdufoot.com/Interview-de-Steed-MALBRANQUE_a912.html

http://www.eurosport.fr/football/ligue-1/2011-2012/steed-malbranque-%28ol%29-je-n-ai-jamais-dit-que-je-voulais-arreter-le-foot_sto3478235/story.shtml

BB : C’est le meilleur depuis le début de saison. J’ai eu les boules qu’il signe chez les Verts. Heureusement, il a signé dix minutes ! (Rires) Sur le coup, j’ai compris qu’il se passait quelque chose d’ingérable pour lui, aussi bien sportivement qu’humainement.
TS : Mais concrètement quoi ? Parce que moi j’ai senti que c’était psychologiquement, épidermiquement et cordialement qu’il se jouait quelque chose.

BB : Quand le club l’a fait revenir cet été, j’ai été un peu sceptique. Jusqu’à ce que je le vois jouer en CFA sur OL TV.
TS : Bien joué le placement de produit. L’école Aulas, il n’y a rien de mieux.

BB : Quand il joue, tu repères l’effet Pemier League : le mec qui va constamment de l’avant, qui te fout jamais la gonfle 50 mètres derrière quand il l’a récupérée.
TS : Ah oui ça c’est carrément Premier League. Mais de quelle époque ? Sans doute au Moyen-Âge, étant donné l’emploi du terme désuet « gonfle » qui signifie également l’effet que produit les gens qui l’emploient sur leurs interlocuteurs.

SF : Il y a aussi une histoire de come back à la maison-mère qui plaît à Gerland.
BB : Face à Brest, il a eu une belle ovation quand Rémi (Garde) l’a sorti. C’est quand même pas le genre de la maison, comme ça, aussi vite. Après, c’est l’intelligence de Rémi Garde de lui avoir proposé de rejouer avec la réserve au cas où. Gérald Baticle a checké l’affaire avant d’envoyer très vite des rapports : « Steed, il pète le feu ! Il faut le faire signer ! » Là, Rémi a tout de suite compris.

TS : Soyons beau joueur et reconnaissons qu’il a raison. Bien joué Gérald donc.

BB : Pour moi, ce retour après une année de break, c’est une leçon de vie. A méditer dans bien des métiers.
TS : Il faut remarquer ici l’introspection soutenue du monsieur. Pour le foot, ok, un an c’est pas mal. Pour les autres artistes, entre 22 et 27 ans, cela pourrait être pas mal, non ? A méditer monsieur.

SF : Grenier a surtout ce geste, la passe, sans doute le plus apprécié à Gerland.
BB : C’est vrai que c’est beau à regarder, mais ça n’a pas empêché de se faire enculer par Bordeaux. C’est peut-être pas toujours efficace, mais c’est quand même plus agréable à regarder que sous Puel.

TS : Oui enfin pour le moment, Garde a fait pire que Puel, pas de ligue des champions, pas sur que la direction soit du même avis très longtemps.

SF : Gagner moins, mais jouer mieux, alors ?
TS : Non mais on parle toujours de Lyon là ? Non parce qu’à un moment donné, il faudra se rendre compte que les victoires de Lyon sont autant de défaites des autres clubs et que cela ne peut pas durer tout le temps. Historiquement l’OL n’a un palmarès que sur une dizaine d’années.

BB : J’ai 40 ans. Je ne suis pas un footix. L’OL, je l’ai connu tellement mal…
TS : Incompréhension totale, amalgame gênant, il faut bien comprendre donc que les footix ont moins de 40 ans, ce sont des gens qui ont la grosse expérience, genre qui ont connu la guerre. Sinon tu as un avis de merde. Mais sinon, c’est quoi un footix ?? Je vois bien des blaireaux en parler, les stigmatiser sans savoir exactement qui c’est. Un peu comme les schtroumpfs, le dahu ou la ligue des champions à Lyon.


SF : C’est quoi tes premiers souvenirs de matchs à Gerland ?
BB : Le tout premier, c’était pour voir Villefranche, quand les deux clubs jouaient en D2, en 1982. J’avais neuf ans.

TS : 9 ans en 82. Alors qu’il dit avoir 40 en 2012 ?? J’ai vérifié, né le 20 janvier 1973. Il a 39 ans le garçon. Selon sa propre définition plus haut… c’est peut-être bien footix alors ?

BB : Mais le plus beau, ça reste encore la remontée en 1989 avec Raymond et le but de Jacky Colin. Tout ce qui vient après, pour moi, c’est caviar à volonté.
TS : Si tu n’as pas connu 89, tu n’as pas connu la misère.

SF : Tu fais partie des nostalgiques de la période de domination ?
TS : Imaginons la personne saine d’esprit qui répond « non non ce n’était plus l’esprit initial, celui de La Paillade et des entraînements à la Jonelière où le plaisir était avant tout de se retrouver ensemble, de s’amuser avec la gonfle et d’aimer le public. »

BB : Un peu, ouais.
TS : Honnête. Un peu, ouais.

BB : Ce qui m’énerve le plus, c’est la gestion de cette époque-là. Il y avait du fric de partout. Je crois même que les dirigeants négociaient à peine les joueurs. Ils prenaient une liste et ils disaient : « C’est combien Lloris ? C’est 5 ? Bon, on le prend à 8 ! »
TS : C’est quand même dommage de prendre le seul joueur réellement sous-évalué à l’achat comme à la vente de toute cette période.

BB : Et c’était signé dans l’après-midi. Ce que je déplore aussi, c’est qu’à cette époque, on ait enrichi le LOSC comme des cochons. (Sourire) Avec des transferts tous plus foireux les uns que les autres. Sauf Abidal.
TS : En même temps, si Aulas n’avait pas fait cela, Lille aurait été champion dès 2005. STRATEGIE MEC !!

SF : Qui reprend l’entraînement…
BB : Ce mec est un héros. Je me rappelle la première galère, il y a un an et demi. Tout le monde était effondré dans le vestiaire du Barça et on m’a dit que c’était lui qui était venu faire les blagues.

TS : Il faut noter ici l’emploi très malin du « on », parce que tout le monde va se demander « mais qui donc est la taupe dans le vestiaire du Barça qui rencarde BB ??? ». Messi, évidemment.

BB : A Lyon, je sais que certains lui en veulent toujours pour son quart de Ligue des champions face au Milan (en 2006, ndlr). Moi, je resterai toujours indulgent avec les défenseurs. Alors que pour un milieu de terrain qui perd un ballon facile avec un but derrière ou Bafé et Jimmy qui manquent des occasions impossibles, je deviens complètement hystérique.
TS : Et c’est donc à ce moment très précis que BB écrit ses chansons.

BB : Jimmy, j’ai envie de lui dire : « N’essaye même plus de cadrer et vise la tribune ! » Des fois qu’elle rentrerait. Comme il tire surtout sur la foule, les mecs ont même fini par l’appeler « Pinochet » ! (Rires)
TS : Perso, ça me fait rire, mais on dit que j’ai un humour déplacé. C’est donc une blague déplacée que tous les lecteurs chiliens vont apprécier. Au passage, Briand s’en prend une belle quand même.

SF : Il a aussi ce côté qu’on ne voit pas forcément, du joueur abrasif qui ne ménage pas sa peine.
BB : Quand il est à droite, c’est rare qu’on s’en prenne un de son côté. Comme avec Sidney, l’attaquant qui mettait le moins de buts au monde. François Clerc, le plus mauvais latéral de l’histoire de l’OL, lui doit sa carrière.

TS : Ah. Une analyse très intéressante, l’arrière latéral qui doit sa carrière au milieu qui est devant lui, si j’avais du temps, j’approfondirai, mais non, bien joué.

BB : Je le suis pas trop à Nice, mais il rame là, non ? Ah mais non ! Il est à Saint-Étienne ! Bon, il est mort ! (Rires)
TS : En 2 phrases, il casse tout… Mais là quand même, c’est une remarque de footix ou pas ?? j’aimerais comprendre où se situe le curseur. MAIS OUI : en fait c’est le jeu chat perché, il suffit de dire « je ne suis pas un footix », pour se permettre des analyses de footix en étant ayant l’immunité. Comme Bigard lorsqu’il se défend d’être vulgaire.

SF : T’as calmé le jeu avec les supporters stéphanois ?
BB : Je ne calmerai jamais le jeu ! Si je ne joue pas à Saint-Étienne, c’est par conviction. C’est le club que je déteste le plus ! J’aime pas leur maillot, ça me dégoûte !

TS : Oui alors ça c’est vraiment une putain de conviction. Non mais tu as vu la gueule des maillots de Lyon ? Sérieusement.

BB : Et puis, c’est un club qui n’a pas arrêté de nous faire la morale. Parce que moi, la caisse noire du président Rocher, je me rappelle très bien : double billetterie dégueulasse pour éviter de payer les taxes.
TS : Non mais la morale à la Aulas, c’est sûr que c’est la panacée. Bien joué le coup de la vierge effarouchée. On parle du cours des actions de Lyon et des supporteurs qui se font encore avoir ?

BB : Il y a eu aussi le mépris à notre endroit pendant des années. Après, ils ont su avoir une finesse dans le recrutement qu’on n’a pas eue forcément.
TS : Eh Piquionne, c’était bien quand même ?

BB : Quand ils prennent Matuidi à Troyes, le mec fait à peine 40 kilos. Je l’ai vu dans la rue l’autre jour, il est toujours gringue. Licha te fait la même impression hors du terrain.
TS : Eh ouais les mecs, c’est ça le recrutement malin, prendre des maigres.

SF : Un autre type qui ne parle pas, lui aussi mystérieux.
BB : Intelligent surtout.

TS : La légende du taiseux qui est intelligent, c’est toujours aussi navrant à lire.

BB : Parce qu’en privé, il parle, en français. La gloire, lui, il en a rien à secouer. Mais une fois sur le terrain, quel engagement ! Quelle colère ! Il est même sans pitié. Pour moi, c’est l’archétype du joueur argentin. Alors que je suis désespéré quand je vois Lavezzi et Pastore qui font passer les Argentins pour des starlettes brésiliennes.
TS : Je reconnais volontiers certains éclairs dans les propos de BB. On sait que les Brésiliens, enfin bon… on sait quoi.

SF : Il y assez peu de joueurs qu’on n’aime pas finalement à Lyon.
BB : Il y a assez peu de joueurs que j’ai dans le pif. Ederson, je pouvais pas le blairer, même si je sais que le mec est charmant. Et quand j’ai vu l’affaire des 30 millions à combler, je me suis dit, c’est exactement Gourcuff. Je sais pas ce qui lui arrive à ce garçon…

TS : Sans chercher la polémique, mais c’est l’année bordelaise 2009… on ne saura jamais vraiment ce qui est arrivé à Wendel, Ciani, Trémoulinas, Diarra, Cavenaghi, Chamackh…

SF : Son début de saison sentait bon la relance.
BB : Mais il y a encore quelque chose qui ne va pas. Pour moi, il est venu salement de Bordeaux. Et quand c’est pas propre, ça peut vraiment te casser.

TS : Bon. J’ai essayé d’éviter la polémique, mais voilà BB a résumé la chose.

SF : Il sortait aussi de Knysna.
BB : Ouais, le truc foireux, les claques de Ribéry… Moi, j’y étais pas. J’ai juste eu des échos de ce bus, par un pote de Mandanda. Lui voulait descendre. On lui a fait comprendre que c’était pas une bonne idée. La fin de l’ère Raymond.

TS : Oui on comprend bien. Il voulait descendre, d’autres aussi. Mais nous n’y étions pas.

SF : Comme d’autres Lyonnais, tu l’aimes un peu Raymond ?
BB : Je l’adore ! Avant l’arrivée de Rémi, je me disais même : « Pourquoi pas Raymond ? » Tu fais chier tout le monde. Un truc pas très lyonnais…

TS : Raymond, le héros de 89 mais qui se plante 20 ans après. Comme le maréchal en fait. Heureusement il y
a des irréductibles. Un truc très français. Gaulois même.




Sur Twitter : @TheSpoonerWay

A retrouver sur horsjeu.net : http://horsjeu.net/transferts/au-courrier-du-coeur-benjamin-biolay-vs-the-spooner/